FT-CI

Arabes et juifs, éternels ennemis ?

Retour sur un préjugé bien utile aux impérialistes

01/08/2014

Retour sur un préjugé bien utile aux impérialistes

Traduit de Miguel Raider (militant du PTS, Argentine)

Le titre de cet article fait allusion au préjugé utilisé pour justifier l’éternel conflit entre israéliens et palestiniens et l’offensive actuelle ã Gaza. Mais cette thèse haineuse est tout simplement fausse. Arabes et juifs ont par exemple cohabité pendant des siècles sur le territoire maure d’Al Andalus, dans l’empire espagnol. Après l’Inquisition, les juifs séfarades ont été accueuillis par l’empire ottoman en Egypte, en Afrique du Nord et au Proche-Orient et ont vécu pacifiquement avec arabes, turkmènes et chrétiens. Au début du XXe siècle, en Palestine, les juifs représentaient une petite minorité (5% de la population) intégrée ã une société ã dominance arabe, et avec une liberté totale de culte. Cette situation a commencé ã changer à la suite du déclin de l’empire ottoman, quand les impérialismes français et britannique signèrent l’accord Sykes-Picot, en 1915, se partageant ainsi le Moyen-Orient. En Palestine, les britanniques imposèrent un protectorat basé sur une armée de 500.000 soldats.

Pour maintenir ã distance les mouvements nationalistes arabes palestiniens, le gouvernement britannique publia en 1917 la déclaration Balfour, annonçant la formation d’un « foyer national juif » en Palestine, associé aux anglais. Cette déclaration fut rédigée par des dirigeants sionistes, ce qui démontre l’unité de revendications de l’entreprise colonialiste et de la puissance impérialiste. Malgré cela, l’histoire du mouvement ouvrier palestinien d’avant la fondation de l’Etat d’Israël montrent des liens forts entre travailleurs arabes et juifs luttant pour des objectifs communs.

Concentrés dans les ports, la communication, le ferroviaire, la métallurgie, les raffineries pétrolières et les grandes boulangeries, des centaines de milliers de travailleurs arabes et juifs ont lutté ensemble. Cette grande classe ouvrière vivait principalement dans deux grands centres urbains : Jaffa (le quartier fondateur de la future Tel Aviv) et Haifa, le principal port et centre industriel. La solidarité entre arabes et juifs s’exprimait particulièrement dans le syndicat des boulangers, déclaré de « caractère national » et « ouvert ã tous les travailleurs ».

Les tendances à l’unité préoccupaient tellement les sionistes qu’elle donna lieu à l’intervention de son plus fin stratège. David Ben Gourion, leader de la Histadrout (syndiact ouvrier sioniste) et futur chef de l’Etat d’Israël, soutenait que les travailleurs juifs devaient s’organiser dans des syndicats « liés » bien que « séparés » des arabes, selon des « sections nationales ». Jaim Arlozoroff développa ensuite cette orientation, tirant expérience de l’Afrique du Sud, où les emplois les plus qualifiés étaient réservés aux blancs, organisés en syndicats séparés des noirs. Ainsi, la Histradout finit par exclure les militants communistes d’origine juive qui se battaient pour des syndicats communs. La centrale ouvrière sioniste mit toutes ses forces ã briser les grèves organisées conjointement par arabes et juifs, comme le conflit d’avril-mai 1933 dans la carrière Nesher. Sous la consigne de « kibush haavoda » (conquète du travail), la Histradout signa des accords avec les patrons pour remplacer la force de travail arabe, en échange d’une discipline de travail. C’est en réaction ã cette politique raciste et pro-patronale qu’est apparu le PAWS (Palestine Arab Workers Society), premier syndicat de travailleurs palestiniens présent ã Haifa, Jaffa et Jérusalem, qui se prononçait pour l’unité, contre le sionisme et pour l’indépendance de la Palestine.

1948, ou l’année qui brisa les derniers liens de solidarité

Autant alarmés les uns que les autres, les sionistes comme les effendis (possesseurs de terres palestiniens) ont alors conçu un plan pour saboter cette unité ouvrière potentielle. En 1929, le mufti de Jérusalem, Aj Amin al Husayni, et l’élite nationaliste palestinienne la plus réactionnaire lancèrent un pogrom pendant quatre jours. Des centaines de travailleurs juifs sans défense sauvèrent leur peau grâce au soutien de leurs camarades arabes, qui risquaient leur propre vie en les cachant chez eux. De même, pendant la grande grève générale de 1936 qui remit en question le régime, les troupes britanniques donnèrent un entrainement militaire aux milices sionistes de la Haganah (« l’autodéfense juive » créée en 1920) pour réprimer les piquets de travailleurs arabes, souvent assistés de leurs collègues juifs. Dans le même temps, les briseurs de grève de la Histradout occupaient les postes de travail avec des travailleurs juifs dans les ports d’Haifa, à la grande carrière de Majdal Yaba, dans les plantations d’agrumes et les raffineries de la multinationale Iral Petroleum, brisant le conflit ouvrier le plus long de l’histoire du Moyen-Orient.

Malgré ce cours divisioniste, en avril 1946 des dizaines de milliers de travailleurs arabes et juifs se sont mis de nouveau en lutte, organisés dans le PAWS et le Syndicat International Ferroviaire, Postal et de Téléphonie, lançant une grève qui paralisa le service public et le fonctionnement des bases militaires britanniques.

Ces liens de solidarité avaient sans aucun doute commencé ã se rompre après l’assassinat du dirigeant syndical Sami Taha et la résolution arbitraire de l’ONU en novembre 1947 pour la division de la Palestine en faveur de la minorité juive, contre la volonté unitaire des masses, et qui déclencha de grandes mobilisations populaires. Mais la goutte d’eau fut les attentats terroristes de décembre 1947, où l’Etzel (la fraction la plus ã droite de la Haganah) fit exploser une voiture au milieu de centaines de travailleurs arabes d’une raffinerie d’Haifa, pendant que le Palmaj (la brigade d’élite de la gauche sioniste) prit d’assaut la population de Balad al Shayk, assassinant des dizaines de femmes et d’enfants. La création de l’Etat d’Israël en mai 1948 basée sur le nettoyage ethnique d’un million de palestiniens expulsés de leur terre d’origine mit définitivement fin ã ce processus, laissant place ã un Etat raciste et colonialiste, source de toutes les misères du peuple palestinien jusqu’à nos jours.

Le général Itzjak Rabin avait l’habitude de comparer l’Etat d’Israël avec le Royaume (chrétien) de Jérusalem de l’an 1099, qui était basé sur l’immigration continue de combattants qui massacrèrent juifs et arabes pendant 192 ans. C’est pour cela que les palestiniens se rappellent, eux, de Saladin, le grand general kurde qui battit les croisés et rétablit la paix entre arabes, juifs et chrétiens, une perspective qui ne peut aujourd’hui qu’être prise en charge par les travailleurs et les paysans du Moyent-Orient contre cet Etat ségrégationiste et allié stratégique de l’impérialisme nord-américain.

Notas relacionadas

No hay comentarios a esta nota

Periodicos

  • PTS (Argentina)

  • Actualidad Nacional

    MTS (México)

  • EDITORIAL

    LTS (Venezuela)

  • DOSSIER : Leur démocratie et la nôtre

    CCR NPA (Francia)

  • ContraCorriente Nro42 Suplemento Especial

    Clase contra Clase (Estado Español)

  • Movimento Operário

    MRT (Brasil)

  • LOR-CI (Bolivia) Bolivia Liga Obrera Revolucionaria - Cuarta Internacional Palabra Obrera Abril-Mayo Año 2014 

Ante la entrega de nuestros sindicatos al gobierno

1° de Mayo

Reagrupar y defender la independencia política de los trabajadores Abril-Mayo de 2014 Por derecha y por izquierda

La proimperialista Ley Minera del MAS en la picota

    LOR-CI (Bolivia)

  • PTR (Chile) chile Partido de Trabajadores Revolucionarios Clase contra Clase 

En las recientes elecciones presidenciales, Bachelet alcanzó el 47% de los votos, y Matthei el 25%: deberán pasar a segunda vuelta. La participación electoral fue de solo el 50%. La votación de Bachelet, representa apenas el 22% del total de votantes. 

¿Pero se podrá avanzar en las reformas (cosméticas) anunciadas en su programa? Y en caso de poder hacerlo, ¿serán tales como se esperan en “la calle”? Editorial El Gobierno, el Parlamento y la calle

    PTR (Chile)

  • RIO (Alemania) RIO (Alemania) Revolutionäre Internationalistische Organisation Klasse gegen Klasse 

Nieder mit der EU des Kapitals!

Die Europäische Union präsentiert sich als Vereinigung Europas. Doch diese imperialistische Allianz hilft dem deutschen Kapital, andere Teile Europas und der Welt zu unterwerfen. MarxistInnen kämpfen für die Vereinigten Sozialistischen Staaten von Europa! 

Widerstand im Spanischen Staat 

Am 15. Mai 2011 begannen Jugendliche im Spanischen Staat, öffentliche Plätze zu besetzen. Drei Jahre später, am 22. März 2014, demonstrierten Hunderttausende in Madrid. Was hat sich in diesen drei Jahren verändert? Editorial Nieder mit der EU des Kapitals!

    RIO (Alemania)

  • Liga de la Revolución Socialista (LRS - Costa Rica) Costa Rica LRS En Clave Revolucionaria Noviembre Año 2013 N° 25 

Los cuatro años de gobierno de Laura Chinchilla han estado marcados por la retórica “nacionalista” en relación a Nicaragua: en la primera parte de su mandato prácticamente todo su “plan de gobierno” se centró en la “defensa” de la llamada Isla Calero, para posteriormente, en la etapa final de su administración, centrar su discurso en la “defensa” del conjunto de la provincia de Guanacaste que reclama el gobierno de Daniel Ortega como propia. Solo los abundantes escándalos de corrupción, relacionados con la Autopista San José-Caldera, los casos de ministros que no pagaban impuestos, así como el robo a mansalva durante los trabajos de construcción de la Trocha Fronteriza 1856 le pusieron límite a la retórica del equipo de gobierno, que claramente apostó a rivalizar con el vecino país del norte para encubrir sus negocios al amparo del Estado. martes, 19 de noviembre de 2013 Chovinismo y militarismo en Costa Rica bajo el paraguas del conflicto fronterizo con Nicaragua

    Liga de la Revolución Socialista (LRS - Costa Rica)

  • Grupo de la FT-CI (Uruguay) Uruguay Grupo de la FT-CI Estrategia Revolucionaria 

El año que termina estuvo signado por la mayor conflictividad laboral en más de 15 años. Si bien finalmente la mayoría de los grupos en la negociación salarial parecen llegar a un acuerdo (aún falta cerrar metalúrgicos y otros menos importantes), los mismos son un buen final para el gobierno, ya que, gracias a sus maniobras (y las de la burocracia sindical) pudieron encausar la discusión dentro de los marcos del tope salarial estipulado por el Poder Ejecutivo, utilizando la movilización controlada en los marcos salariales como factor de presión ante las patronales más duras que pujaban por el “0%” de aumento. Entre la lucha de clases, la represión, y las discusiones de los de arriba Construyamos una alternativa revolucionaria para los trabajadores y la juventud

    Grupo de la FT-CI (Uruguay)