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Mike Brown : un crime haineux ã caractère raciste ?
par : Ivan Matewan

16 Mar 2015 | L’assassinat de Mike Brown constitue-il un crime haineux ã caractère raciste ? Selon le Ministère de la Justice états-unien, la réponse est clairement négative. Le 5 mars dernier, le Ministre de la Justice a annoncé que le policier blanc qui avait tué le 9 août 2014 un jeune noir non armé, Mike Brown, ne serait pas inculpé au titre d’une violation des (...)
Mike Brown : un crime haineux ã caractère raciste ?

L’assassinat de Mike Brown constitue-il un crime haineux ã caractère raciste ? Selon le Ministère de la Justice états-unien, la réponse est clairement négative. Le 5 mars dernier, le Ministre de la Justice a annoncé que le policier blanc qui avait tué le 9 août 2014 un jeune noir non armé, Mike Brown, ne serait pas inculpé au titre d’une violation des droits civiques. Cette annonce intervient plusieurs mois après le verdict ouvertement raciste et hautement explosif du grand jury qui avait lui aussi décidé de ne pas retenir les charges criminelles portées contre Darren Wilson [1] Cette nouvelle décision de l’État fédéral états-unien, qui vient confirmer le droit du pouvoir policier de tuer en toute impunité tout en essayant de restaurer la légitimité de plus en plus ternie de la police, révèle de manière emblématique la fonction capitale du racisme dans la société capitaliste états-unienne.

L’impunité policière de nouveau affirmée

Depuis l’assassinat de Mike Brown des mains d’un policier blanc ã Ferguson en août dernier et sous la pression des mouvements de contestation à l’échelle nationale, le Département de la Justice américain s’est vu contraint de mener une enquête pour déterminer si cet assassinat constituait un crime haineux ã caractère raciste. Dans le rapport du Département, les enquêteurs ont conclu que rien ne démontrait que Darren Wilson avait violé les droits civiques du jeune Noir. La simple parole du policier, qui a réaffirmé sa conviction d’avoir eu peur pour sa sécurité, a suffi. Après le simulacre de procès en novembre dernier, cette annonce vient confirmer que la police a un permis de tuer dans toute impunité, tout particulièrement lorsque la victime est noire.

Cependant, un deuxième rapport du Département de la Justice, daté du 4 mars dernier, fait état de toute une série de violations systématiques des droits civiques et de brutalités à l’égard de la population noire de la ville. La police de Ferguson a systématiquement recours aux « interpellations sans suspicion raisonnable et aux arrestations sans cause probable, en violation du quatrième amendement de la Constitution ; aux atteintes à la liberté d’expression, ainsi qu’aux représailles contre l’expression protégée, en violation du premier amendement ; et une force excessive en violation du quatrième amendement » : des pratiques, souvent illégales, qui ciblent toutes les Noir-e-s de la ville. Alors que la population noire constitue 67 % de la population totale de la ville, entre 2012 et 2014 90 % des personnes victimes d’amendes et 93 % des personnes arrêtées sont noires. Le rapport constate également l’existence de fait d’une « prison pour dettes » où s’entassent les pauvres frappé-e-s d’amendes pour des infractions mineures qui, faute d’être payées, engendrent des dettes grandissantes, puis des peines de prison, et la perte de l’emploi, du permis de conduire ou du domicile.

En décidant de ne pas inculper Darren Wilson, l’État refuse catégoriquement d’admettre que le meurtre de Mike Brown par un policier s’inscrit parfaitement dans le cadre de ce système de discrimination et de violence à l’égard de la communauté noire ã Ferguson.

Un système de violence et de discrimination local ?

L’État cherche ã réhabiliter par ailleurs l’illusion selon laquelle la discrimination, la brutalité et les violences systématiques de la police sont le produit des actes de quelques individus racistes et malintentionnés et non l’apanage de l’ensemble du système policier. Dans un discours du 7 mars, Obama répond aux rapports publiés par son Ministre de la Justice en qualifiant, certes, ces pratiques de « oppressives et abusives », mais en affirmant tout de même que ces abus n’étaient pas « typiques ». Pourtant, le Département de la Justice a conclu dans plusieurs rapports en 2014 que les polices d’Albuquerque et de Cleveland avaient recours ã des pratiques semblables. On estime d’ailleurs que plus de 2000 Noirs non armés ont été tués par la police dans les derniers deux ans, soit au minimum une personne par jour en moyenne.

Loin d’être le « service public » que les dirigeants comme Obama nous dépeignent, la police n’est rien d’autre que le bras armé de la bourgeoisie contre les exploité-e-s et les opprimé-e-s de la société capitaliste [2]. Les discriminations et les violences que subit la communauté noire états-unienne aux mains de la police sont l’expression d’un système social reposant sur l’exploitation dont le racisme est l’un des piliers fondamentaux. Ces annonces du Département de la Justice révèle encore une fois les liens étroits qui existent entre le contrôle policier des populations, le racisme et la nécessité pour les classes exploiteuses, par l’intermédiaire de l’État, de garder la grande majorité de la population dans la pauvreté et la soumission.

Des dizaines de milliers de personnes dans la rue contre les violences policières et pour « une justice pour tou-te-s »

Si l’État doit chercher ã réhabiliter l’image ternie de la police, c’est principalement en raison de la grande explosion de colère provoquée par l’assassinat de Mike Brown. En effet, le pays a été fortement secoué entre août et décembre 2014 par des vagues de manifestations, parfois extrêmement violentes, contre les violences policières et en faveur d’une « une justice pour tou-te-s ». Ces manifestations ont subi une forte répression de la part de l’État qui n’a pas hésité ã envoyer la garde nationale pour militariser la ville de Ferguson et pour les écraser. Le verdict clairement raciste et hautement explosif de novembre 2014 a de ce fait ravivé les émotions. Dans son sillage, des dizaines milliers de personnes sont descendues dans la rue, de Seattle ã New York en passant par Chicago et Ferguson, pour exprimer leur colère face ã tant de discrimination, d’oppression, de violence et d’impunité.

L’Etat propose aujourd’hui des réformes largement partielles et vides afin de tenter de satisfaire les revendications des manifestant-e-s. Celles-ci servent avant tout ã contenir et ã canaliser ã nouveau la colère sociale dans le cadre institutionnel. Elles ne mettront jamais fin au système global de discrimination, de violence et d’exploitation dont la population noire est victime.

 

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