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Comment lutter contre la Cinquième république ?
par : Guillaume Loïc

05 Oct 2014 | La rentrée politique est marquée par une contradiction importante qui témoigne du caractère antidémocratique des institutions actuelles : un Président que 62% de la population voudrait voir démissionner, qui pointe ã 13% d’opinions favorables mais qui réussit ã remanier son gouvernement et à le faire valider majoritairement par (...)
Comment lutter contre la Cinquième république ?

La rentrée politique est marquée par une contradiction importante qui témoigne du caractère antidémocratique des institutions actuelles : un Président que 62% de la population voudrait voir démissionner, qui pointe ã 13% d’opinions favorables mais qui réussit ã remanier son gouvernement et à le faire valider majoritairement par l’Assemblée.

Preuve de l’opposition radicale qui existe entre la caste politicienne bourgeoise et les classes populaires, mais aussi du niveau d’inféodation du parlement au sein de cette monarchie présidentielle qu’est la Vème République. Cette expérience supplémentaire faite par les travailleur-se-s et les jeunes du caractère antidémocratique de ce régime s’ajoute à la multiplication des affaires et des révélations, de Cambadélis ã Sarko en passant par Thévenoud1 Mais si crise politique et crise latente de régime il y a, rien ne dit qu’il existe automatiquement une porte de sortie progressiste ã cette situation. Il y a tout d’abord une Marine Le Pen en embuscade, renforcée aujourd’hui par ses deux sénateurs. De l’autre, la VIème République de Mélenchon, si elle ne trouve pas un large écho aujourd’hui, n’en est pas moins une impasse. D’où l’urgence, pour les communistes révolutionnaires de s’emparer de la question avant que d’autres ne s’en mêlent ã notre place. En effet, si l’opposition ã cette république des affaires et des copinages est légitime, c’est ã notre classe de le porter, dans la perspective d’une large démocratie qui en finisse radicalement avec le régime actuel, ce qui serait autant de progrès sur la voie de la mobilisation contre le patronat et ses alliés.

La rentrée politique est marquée par une contradiction importante qui témoigne du caractère antidémocratique des institutions actuelles : un Président que 62% de la population voudrait voir démissionner, qui pointe ã 13% d’opinions favorables mais qui réussit ã remanier son gouvernement et à le faire valider majoritairement par l’Assemblée. Preuve de l’opposition radicale qui existe entre la caste politicienne bourgeoise et les classes populaires, mais aussi du niveau d’inféodation du parlement au sein de cette monarchie présidentielle qu’est la Vème République. Cette expérience supplémentaire faite par les travailleur-se-s et les jeunes du caractère antidémocratique de ce régime s’ajoute à la multiplication des affaires et des révélations, de Cambadélis ã Sarko en passant par Thévenoud Mais si crise politique et crise latente de régime il y a, rien ne dit qu’il existe automatiquement une porte de sortie progressiste ã cette situation. Il y a tout d’abord une Marine Le Pen en embuscade, renforcée aujourd’hui par ses deux sénateurs. De l’autre, la VIème République de Mélenchon, si elle ne trouve pas un large écho aujourd’hui, n’en est pas moins une impasse. D’où l’urgence, pour les communistes révolutionnaires de s’emparer de la question avant que d’autres ne s’en mêlent ã notre place. En effet, si l’opposition ã cette république des affaires et des copinages est légitime, c’est ã notre classe de le porter, dans la perspective d’une large démocratie qui en finisse radicalement avec le régime actuel, ce qui serait autant de progrès sur la voie de la mobilisation contre le patronat et ses alliés.

Aux scandales qui éclaboussent toute la caste politicienne, il faut ajouter une rentrée littéraire riche en perles : livre de Dufflot puis de Trierweiler sur Hollande, celui de Laurent Mauduit, un ancien de l’UNEF, qui balance sur ses ex copains Cambadélis ou Valls, leurs faux diplômes, les emplois fictifs ou le pillage de la MNEF. A droite, on ne se porte pas mieux, avec la mise en garde-à-vue de trois Bygmalion et le retour de Sarko, des casseroles plein les poches, même s’il assure n’être responsable de rien. Le dégoût diffus va s’élargissant, ce qui n’est pas sans plomber l’efficacité du gouvernement, puisqu’on ne gouverne pas avec 13% d’opinions favorables comme si on était en plein état de grâce. Mais l’écœurement palpable ne débouche en rien mécaniquement sur une conscience plus claire des intérêts défendus par ce régime ni de la nécessité d’une intervention indépendante des travailleur-se-s et des jeunes sur le terrain politique. Le FN l’utilise pour avancer dans la diffusion de son programme xénophobe et populiste. On observe depuis plusieurs mois la résurgence de conceptions complotistes et antisémites qui ont pu s’exprimer notamment lors du « Jour de colère », le 26 janvier dernier. C’est ce qui montre la nécessité pour les révolutionnaires d’intervenir politiquement dans une telle situation, en expliquant les ressorts du début de crise qui touche la Vème République, en dévoilant sa nature de classe, mais aussi en avançant un programme capable de dialoguer ã grande échelle avec ce dégoût ressenti par les classes populaires.

Les formes circonstancielles de la « démocratie » bourgeoise ne tiennent que tant qu’elles permettent à la classe capitaliste de cacher que c’est en fait toujours une minorité parasite qui décide, et ã son propre profit capitaliste. Ainsi, quand un régime devient peu ã peu moins capable d’assurer ce rôle de camouflage, une bataille s’ouvre pour déterminer les réponses ã apporter. En l’occurrence, les éléments de la situation politique, de celle du gouvernement, et les caractéristiques de la Cinquième république elle-même, se combinent pour faire obstacle ã toute solution facile. Valls et Hollande peinent ã opérer le raidissement autoritaire qu’ils voudraient incarner – contre les mobilisations palestiniennes, contre les chômeur-se-s, voire contre les 35 heures – du fait de leurs propres faiblesses. Marine Le Pen semble plus rôdée pour l’exercice, mais s’inscrit spectaculairement dans la défense des institutions actuelles en se proposant comme Première Ministre de Hollande. Cela lui est nécessaire pour se rendre crédible auprès d’une bourgeoisie française dont aucun secteur significatif n’est prêt ã abandonner le précieux outil de la Cinquième République. Un François Bayrou rêve d’un gouvernement d’union nationale, mais se heurte au bipartisme exclusif qui caractérise le régime actuel. Ce dernier manque donc de souplesse interne pour permettre de temporiser. Une situation qui, avec l’augmentation progressive des contradictions qu’elle entraîne, laisse présager une accentuation de la crise politique, et ouvre la possibilité d’explosions sociales. Si bien que, cette fois sur le terrain institutionnel, la bourgeoise française semble retournée à la stratégie de la ligne Maginot2.

La Cinquième République est le régime politique d’un pays capitaliste avancé dans lequel le pouvoir exécutif – incarné par un Président-monarque – est le plus concentré, le moins contrecarré. Cela correspond au besoin qui était celui de la grande bourgeoisie française quand il a fallu surmonter ses divisions internes autour de la question de la décolonisation, aménager le territoire et la structure économique – non seulement en France, mais aussi à l’échelle de l’Europe de l’Ouest et du Sud – pour les mettre en cohérence avec la dynamique de croissance et de concentration du capital qui a caractérisé les trente glorieuses. Pour tout cela, il fallait un Bonaparte capable de trancher, de résister aux pressions des secteurs rétrogrades de la classe dominante (hexagonale comme pied-noir) mais aussi du mouvement ouvrier. De Gaulle, l’homme du CNR de 1945, a été, en 1958, le grand ordonnateur de ce système qui a même su intégrer et domestiquer pleinement la gauche institutionnelle, le PS étant suivi de près par le PC.

Or, c’est justement cette solidité autoritaire, et cette réussite ã remodeler l’ensemble de la vie politique officielle autour de cette dernière qui aujourd’hui fait montre d’un certain essoufflement. Non pas des dissensions sérieuses chez les dominants, ni une explosion conflictuelle avec leurs rivaux impérialistes, ni une poussée ouvrière et populaire : simplement la perte progressive mais massive d’autorité et de légitimité qui provient du spectacle prolongé de la combinaison entre autoritarisme et image d’impuissance, notamment face à la crise économique et au chômage. Ainsi n’en va-t-il pas que des faiblesses personnelles de François Hollande, d’autant plus que l’alignement des calendriers des élections présidentielles et législatives voulu par Jospin pour renforcer le présidentialisme et le régime a contribué ã exposer plus qu’avant l’Elysée3. Le bipartisme est aujourd’hui en crise ã force d’alternances sans changement et d’accumulation des affaires chez les deux grands partis, crise qui s’est matérialisée par l’arrivée en tête du FN aux élections européennes.

C’est dans ce contexte que certains ressortent la baguette magique de la VIème république. Le débat n’est pas nouveau puisqu’au PS déjà certains en avaient fait leur cheval de bataille, Montebourg et Mélenchon notamment. C’est ce dernier qui revient à la charge et lance en cette fin de septembre l’offensive sur les réseau sociaux autour de son nouveau « m6r », comprendre « Mouvement pour la VIème République ». L’ancien tribun du Front de Gauche n’en étant plus ã une contradiction près, il part à l’assaut du régime actuel sans remettre en question sa caractéristique centrale (la fonction présidentielle), sans doute parce qu’il s’y verrait bien.

Mais le problème que nous pose son « mouvement » est plus profond. Dans une récente tribune au Monde, Mélenchon nous présente son nouveau système, antilibéral, populaire et partisan de la relance, on l’aura compris. Ainsi, il explique qu’« un euro investi pour dix ans ne devrait pas avoir le même pouvoir de vote qu’un euro placé sans engagement de durée », et que « l’inscription dans la constitution » d’un certain nombre de principes écologiques et sociaux « provoquera une mutation en grappe des normes en vigueur dans toute l’organisation sociale ». Le « m6r » apparaît ici dans sa fonction politique : semer l’illusion qu’un changement de constitution permettrait d’en finir avec la pauvreté, le chômage et relancer l’économie (pour atteindre un jour lointain, personne n’en doute, le socialisme), et contenir l’écœurement politique et la contestation sociale en les ramenant sur le terrain des institutions, là où seule une réelle mobilisation populaire de fond permettrait d’en finir avec le régime pourri de la Vème république et sa caste de politiciens. Si ce projet ne reçoit pas pour l’instant d’échos significatif ã une échelle de masse, en comprendre les ressorts est dès aujourd’hui capital pour être demain en mesure de contrecarrer toutes les tentatives de recomposer le régime politique sans ôter le pouvoir à la bourgeoisie, c’est ã dire sans en finir avec la cause profonde du chômage, de la baisse du pouvoir d’achat, mais aussi des guerres.

Dialoguer avec l’état d’esprit provoqué par l’essoufflement de l’alternance sans alternative, par la crise politique et des politiques, par leurs scandales et les affaires, la répression pour les petits et la clémence pour les vrais délinquants en col blanc, voilà qui devrait être une préoccupation centrale de l’extrême gauche, sur la base des leçons les plus radicales de la démocratie révolutionnaire de la Commune de Paris. Contribuons ã faire tomber les masques, et ã mobiliser contre ce régime pourri et pour une démocratie large, au service de la population. Toute victoire sur ce terrain serait un instrument de mobilisation facilitant prise de conscience de classe et combat contre le patronat. Inversement, la passivité des urnes ou la délégation des réformes institutionnelles ne peuvent que faire le jeu des populismes et de la démobilisation. C’est en ce sens que l’extrême gauche devrait être à la pointe du combat, mobilisateur, pour dire haut et fort :

Fini les affaires et les business juteux, fini les carrières politiques dorées : pas un élu et pas un haut fonctionnaire ne doit gagner plus qu’un-e travailleur-se qualifié-e. Cette mesure est l’une des premières a avoir été mise en place par la Commune de Paris

Toute la journée, les politiciens professionnels des classes dominantes nous expliquent qu’il faut nous serrer la ceinture, pour réduire les « déficits de l’Etat », alors qu’à chaque train de mesures de nouvelles niches et exonérations fiscales, de nouvelles subventions sont votées pour les patrons (CIR, CICE, etc.). Refusons d’écouter leurs discours larmoyants sur la nécessité de réduire les « dépenses » pendant que leurs dividendes explosent : exigeons la publication de tous les comptes de l’Etat et de l’économie, pour savoir où va l’argent, et le réorienter vers les services publics et la sécu !

Non à l’écrasement fiscal des travailleurs et des classes populaires. Ceux et celles qu’on exploite ne doivent pas payer d’impôts ! Il faut en finir avec la TVA, et imposer très fortement les revenus du capital qui n’ont cessé d’être défiscalisés depuis plus de trente ans, ainsi que les grandes fortunes. Contre les trahisons, les renoncements, les entourloupes : plus de chèque en blanc, tout élu-e doit être révocable, et les mandats limités ã une durée de deux ans !

A bas la Présidence monarchique et autoritaire, ã bas le Sénat, chambre aristocratique élue par des notables. Pour un régime ã chambre unique concentrant les pouvoir exécutif et législatif, élue à la proportionnelle intégrale par toute personne résidant en France dès l’âge de 16 ans !

28/09/14

 

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