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Pride : L’alliance stratégique des opprimé-e-s et des exploité-e-s, sur grand écran
par : Aglaé Martin

21 Sep 2014 | Mars 1984 : la plus grosse grève de la dernière période en Angleterre démarre, sous les effets des contre-réformes imposées par la restauration bourgeoise. Les mineurs refusent l’annonce de fermeture de leurs mines et lutteront un an durant, face à la répression sans merci envoyée par le gouvernement Thatcher. En même temps, d’autres souffrent d’une (...)
Pride : L’alliance stratégique des opprimé-e-s et des exploité-e-s, sur grand écran

Mars 1984 : la plus grosse grève de la dernière période en Angleterre démarre, sous les effets des contre-réformes imposées par la restauration bourgeoise. Les mineurs refusent l’annonce de fermeture de leurs mines et lutteront un an durant, face à la répression sans merci envoyée par le gouvernement Thatcher. En même temps, d’autres souffrent d’une répression similaire : pas question pour la « Dame de fer » d’accepter les pratiques « déviantes » des lesbiennes et gays. Mais c’est ce point commun qui fera leur plus grande force. Et c’est en le comprenant que le jeune militant communiste Mark Ashton va lancer le groupe LGSM : Lesbians and Gays Support the Miners [Lesbiennes et gays soutiennent les mineurs]. C’est ce que raconte superbement le film réalisé par Matthew Warchus, Pride, qui nous fait revivre sur grand écran les difficultés et les avancées capitales qu’a permis cette alliance apparemment improbable.

Le combat contre les préjugés homophobes au sein de la classe ouvrière

Les villages miniers n’ont en effet pas été épargnés par l’idéologie dominante, et le masculinisme du métier renforce les préjugés homophobes. Ainsi pour tout un secteur de LGBT londoniens, les mineurs ne méritent pas leur aide. Le groupe LGSM ne naîtra alors que grâce à la détermination d’une poignée de courageux-euses : que la quête commence ! La répression homophobe et anti-ouvrière a en effet créé un pont entre les deux secteurs, mais un pont barrés d’obstacles, et les bureaucraties syndicales en sont d’ailleurs un des éléments en tentant d’empêcher LGSM d’apporter leur soutien aux grévistes. Mais plus largement, le groupe de lesbiennes et gays devra prouver à l’ensemble des mineurs et de leur famille l’utilité de leur soutien et cassera progressivement les modèles de virilisme, jusqu’à montrer combien tous ces préjugés ne sont que mensonges d’une classe dominante visant à les diviser. Comme le dit très bien l’un des mineurs :« Ils mentent sur nous [mineurs], pourquoi diraient-ils la vérité sur eux [lesbiennes et gays] ? ». Par cette alliance "improbable", c’est l’idéologie dominante qui est finalement ridiculisée.

« Donnez nous du pain, mais aussi des roses »

C’est quand l’une des femmes de mineurs se lève un soir et entame ce chant hérité d’une grève du textile aux États-Unis en 1912, que l’on prend conscience combien leur rôle est primordial. Ces femmes qui sont les « petites mains » des « gros bras », mais dont le rôle est en réalité indispensable à la grève. Souffrant tout autant des privations conséquentes à la grève, elles s’organisent pour populariser la lutte, obtenir des soutiens, trier les dons, gérer les repas... Ce sont également elles, en plus d’un mineur, qui mèneront la bataille en interne pour que les LGSM soient acceptés.

« On a écrit l’histoire ! » Un échec empreint de victoires

Malgré les avancées, les directions syndicales ont manœuvré : le soutien des LGSM ne sera plus le bienvenu. Quelques temps plus tard, au début de l’année 1985, les mineurs perdront face au gouvernement. La fermeture des mines est sans appel, anéantissant au moins pour un temps les forces de la classe ouvrière anglaise, mais l’ouverture d’esprit apportée par cette expérience est une énorme victoire ! Ainsi, à l’heure de la naissance du SIDA, qui renforce la marginalisation des homosexuels, les ex-grévistes, venus soutenir leur compagnons de lutte, prennent massivement le cortège de tête de la Marche des Fiertés, donnant un poids considérable aux revendications de la communauté gay et lesbienne, et politisant fortement la lutte. La même année, une résolution proposant d’inclure les droits des gays et lesbiennes dans le manifeste du parti travailliste, qui avait été rejetée par le passé, est votée, et ce grâce à l’appui inconditionnel du syndicat des mineurs.

De l’autre côté, les mineurs se verront accorder la possibilité de créer des commissions spécifiques LGBT au sein des syndicats, alors que certains d’entre eux, comme on le voit dans le film, en profiteront pour révéler leur homosexualité.

Par ailleurs, la remise en cause des normes sexuelles permettra également une certaine émancipation des femmes. Ainsi la compagne du mineur Sian James accédera à la fac où elle sera diplômée avec succès, et deviendra député travailliste en 2005.

Ce film démontre magistralement la nécessité de l’alliance des secteurs opprimés à la classe travailleuse. C’est par leur soutien mutuel qu’ils ont trouvé la force de lutter jusqu’au bout, pour casser l’idéologie dominante et faire émerger une conscience de classe et de défense de tou-te-s les opprimé-e-s. Le spectateur suit l’aventure exceptionnelle des personnages à l’écran, mais qui, bien plus, représentent la stratégie qui fera la victoire de notre camp social.

 

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