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Mélenchon, le gouvernement et le 5 mai
par : Courant Communiste Révolutionnaire - Plateforme Z dans le NPA , Romain Lamel

19 May 2013 | On a vu, ces dernières semaines, la rue devenir le quasi monopole de la contestation de la droite la plus réactionnaire et de l’extrême droite la plus rétrograde. L’objectif affiché ? Refuser aux LGBT les mêmes droits que les hétérosexuels, mais pas seulement.

Par Romain Lamel

On a vu, ces dernières semaines, la rue devenir le quasi monopole de la contestation de la droite la plus réactionnaire et de l’extrême droite la plus rétrograde. L’objectif affiché ? Refuser aux LGBT les mêmes droits que les hétérosexuels, mais pas seulement. Dans ce cadre, l’appel ã manifester, le 5 mai, a exprimé autre chose que le simple programme de VIème République défendu par Mélenchon : une réelle colère contre la politique gouvernementale, mais ã gauche, cette fois. Mais reste, sur le fond, l’agenda politique de Jean-Luc Mélenchon et du Front de gauche, qui n’est pas seulement de disputer la rue à la droite et à l’extrême droite.

Le moment choisi donne toute son importance à l’événement. La Vème République est ã bout de souffle : en l’espace de quelques années, nous avons pu assister à la condamnation d’un ancien président de la République (Jacques Chirac), la mise en examen d’un autre (Nicolas Sarkozy), l’éclatement en plein vol d’un présidentiable donné gagnant (Dominique Strauss-Kahn), sans oublier les démêlés avec la justice de Woerth et les aveux de fraude fiscale de son successeur, Jérôme Cahuzac, lui aussi ministre du Budget chargé de mettre en place la « rigueur ». Ces péripéties judiciaires ne sont que la pointe immergée de l’iceberg de l’épuisement d’un régime politique où, depuis les années 80, l’abstention augmente, les majorités législatives sont systématiquement sanctionnées par les électeurs (l’exception de 2007) et l’impopularité des gouvernants croît de mandat en mandat, ã mesure où « l’alternance » ressemble de plus en plus ã une longue continuité politique sans aucune alternative, y compris sur la forme. Dans ce cadre, quoi de plus salutaire, au final, que de se débarrasser de tous ces politiciens et de ces institutions par un bon « coup de balai » ã gauche ?

Le résultat obtenu, mobiliser 30 000 personnes selon la police, 45 000 selon les journalistes présents et 180 000 selon les organisateurs pourrait même s’avérer prometteur s’il s’inscrit dans les perspectives professée par Mélenchon à la tribune de la Bastille : « une insurrection pour mettre un terme ã ces politiques d’austérité qui nous conduisent au désastre ». Nous serions-nous trompé, lorsque nous disions avant les présidentielles que l’axe du projet de Front de gauche et de Mélenchon était celui d’une alliance politique avec François Hollande par une participation gouvernementale ou au moins un soutien parlementaire.1

Quelques vessies…

Si Mélenchon n’a pas conclu d’alliance politique avec François Hollande, ce n’est pas faute d’en avoir eu envie. Dès le mois de novembre, il proposait ses services ã François Hollande pour devenir Premier Ministre. A l’époque, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, lui avait rétorqué : « on peut toujours rêver, c’est bientôt Noël ». Cette proposition est devenue plus insistante ces dernières semaines au fur et ã mesure de l’affaiblissement de l’actuel gouvernement. A la fin d’un meeting, le mois dernier, il a déclaré ã des journalistes : « Si c’est Montebourg le Premier ministre, le Front de gauche ira parler. On ira regarder si c’est possible [d’entrer au gouvernement] ». Ainsi, le ministre du soi-disant Redressement productif (de Pétroplus et de Florange, sans doute), celui qui s’est illustré comme le fidèle serviteur de PSA, trouverait grâce aux yeux du leader du Front de Gauche.

L’objectif de la manifestation du 5 mai, présenté au premier abord, comme « un coup de balai », a par la suite été nuancé. Ainsi, sur le plateau de Des paroles et des actes sur France 2, Mélenchon s’est empressé de souligner qu’il ne s’agissait pas « d’une manifestation anti-Hollande, ce n’est pas le sujet (…) Si nous sommes 100.000 ou plus de 100.000, 200.000, ce sera un événement politique que François Hollande ne peut pas contourner, parce qu’il ne s’agit pas de ses adversaires comme le sont les gens de droite, il s’agit des gens qui ont contribué ã son élection et qui vont être les électeurs des élections municipales et européennes, il ne peut pas les mépriser ». Eva Joly, ancienne candidate écolo aux présidentielles, dont les petits camarades sont membres du gouvernement, reprenait ainsi le même message lorsqu’elle a déclaré à la tribune de la Bastille que « la manifestation du 5 mai n’est pas une mobilisation antigouvernementale » mais « un point d’appui pour mener une autre politique ». Christian Piquet, pour la Gauche Unitaire, en est allé de sa ritournelle possibiliste : l’enjeu, selon lui, n’était pas « de mettre la gauche sens dessus-dessous [àsavoir, le gouvernement, ou un possible gouvernement ‘de gauche’] », mais bien de « relever les couleurs de la gauche », comme d’autres relèvent une sauce en y rajoutant un peu de poivre et de sel pour masquer le goût d’un plat qu’il sont bien pressés d’avaler.. ou de faire avaler.

Toutes les différentes tendances du Front de Gauche, du PC au PG en passant par leurs petits satellites attirés par l’idée de « mettre les mains dans le cambouis » maintiennent ainsi le même message que lors de l’élection présidentielle, celui de quémander ã Hollande un poste, aussi petit soit-il, ã partir duquel il serait soi-disant possible de peser sur l’orientation du gouvernement, une inflexion de sa ligne politique aussi marginale soit-elle. Le risque de perdre tout crédit auprès de sa propre base est tel que le Front de Gauche ne peut décemment entrer dans un gouvernement qui exonère de 20 milliards d’euros le patronat par le biais du « Pacte de compétitivité » et se prépare ã mettre en place le second volet dudit pacte, facilite les licenciements par l’Accord National Interprofessionnel et refuse d’amnistier les syndicalistes condamnés sous Sarkozy. Mais ce n’est pas l’envie qui manque et cela n’empêche pas le Front de Gauche de continuer ã cogérer avec le PS l’exécutif de centaines de municipalités, de dizaines de conseils généraux et 16 des 22 conseils régionaux de France métropolitaine.

La direction du Front de Gauche fait mine de croire que la politique d’austérité menée par François Hollande n’est qu’une erreur d’appréciation et pas le signe d’une servilité volontaire à l’égard du capital. Un peu partout dans le monde, que ce soit dans certains pays d’Amérique latine ou en Grèce dernièrement les différents partis sociaux-démocrates ont appliqué les plans d’ajustement avec la plus grande fermeté quitte ã saborder leur propre organisation et la mener à la marginalité politique. Au Venezuela, le parti social-démocrate (AD) est passé de 52,76 % en 1988 ã 9,05 % en 1998 après avoir fait appliquer deux paquets d’ajustement et fait massacrer, pour ce faire, plusieurs centaines de personnes, pendant le « Caracazo », en février 1989. En Grèce, le parti social-démocrate (PASOK) est passé de 43,92 % en 2009 ã 12,28 % en 2012 après avoir imposé huit plans d’austérité. Partout, les sociaux-démocrates ont préféré courir le risque de l’impopularité plutôt que d’infléchir d’un iota leur politique. Pourquoi serait-ce différent en France ?

Dès lors, Mélenchon se base sur une chimère selon laquelle Hollande pourrait prendre en compte son point de vue et rompre avec les politiques d’austérité qu’il applique scrupuleusement. Il implore que le PS l’accepte, alors que celui-ci s’y refuse. Cette orientation tourne même au ridicule lorsque le chef de file du Front de Gauche invite Montebourg à les rejoindre pour occuper « la place éminente à laquelle il peut aspirer ». Avec de tels personnages « éminents », sûr que les militant-e-s du Font de gauche qui souhaitent s’opposer aux licenciements, aux fermetures et à l’austérité seront mieux armés pour se battre.

Fondamentalement, la direction du Front de Gauche n’a pas varié de son projet politique depuis la dernière campagne présidentielle. Il demeure sur la même ligne qui a été celle du PCF et de Mélenchon durant la Gauche Plurielle de 1997 ã 2002 que le tribun du Front de Gauche a d’ailleurs récemment encensée en saluant la « bonne politique » défendue alors par Lionel Jospin. Selon son ancien directeur de campagne, Arnauld Champremier-Trigano, son expérience de ministre serait même un atout pour postuler au poste de chef de gouvernement. On ne saurait mieux dire. Le passage de Jean-Luc Mélenchon dans le gouvernement de Lionel Jospin entre 2000 et 2002 comme ministre délégué à l’Enseignement professionnel a, en effet, apporté la preuve, au-delà des envolées rhétoriques dont il est coutumier, de la parfaite malléabilité du personnage et du caractère inoffensif de ses vindictes. En revanche, du côté de l’enseignement pro, les enseignants et les élèves savent ce dont il est capable en termes de contre-réformes au nom de la « performance » et de « l’efficacité ».

… et plusieurs lanternes

Le positionnement politique de Mélenchon n’ayant pas sensiblement varié depuis les présidentielles, qu’en est-il de son projet politique ? Nous avons vu que la métaphore du « coup de balai » n’avait pas d’effets concrets, mais qu’en est-il du slogan de VIème République, utilisé ã grand renfort de sono dans le cortège du 5 mai ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que si les contours du projet sont assez flous, la VIème République de Mélenchon, défendue en son temps par Montebourg ou Vincent Peillon n’est pas sans rappeler la IIème ou la IVème. Attardons-nous sur les éléments mis en avant par Jean-Luc Mélenchon lui-même dans ses entretiens avec la presse et tentons de déceler quels pourraient être les changements pour la population.

Recall or not recall ?

Deux pistes sont régulièrement évoquées. Premièrement, la révocabilité des élus. L’idée figure dans le programme originel des marxistes révolutionnaires et fait partie d’une conquête-phare de la Commune de Paris de 1871 L’élu ne doit pas être investi d’une légitimité supérieure ã celle que lui ont conférée ses représentants, doit être responsable devant eux et révocable ã tout moment dans la mesure où il ne respecterait pas les attentes de ses électeurs. Sauf que ce n’est pas cela que propose Mélenchon mais une procédure telle qu’elle existe aux Etats-Unis sous le nom de « recall » ou au Venezuela sous le nom de « référendum révocatoire ». Dans ces deux pays, ces dispositifs doivent recueillir un nombre de signatures prohibitif pour être validés et n’être présentés qu’à partir de la mi-mandat. Autrement dit, la procédure est peu usitée et ne pourrait en aucun cas servir de révoquer, par exemple, un président comme Hollande impopulaire dès la première année de sa mandature. Les « garde-fous » (qui sont en fait des obstacles) juridiques mis en place dans ces pays, revendiqués par Mélenchon, sont si complexes qu’il s’agit davantage de contenir le mécontentement que de le laisser s’exprimer dans toute sa force.

La « citoyenneté » dans l’entreprise

Deuxième piste régulièrement évoquée par Jean-Luc Mélenchon pour préciser le contenu de son projet de VIème République, celui de la « citoyenneté dans l’entreprise ». L’idée de remettre en question l’arbitraire patronal au sein des boîtes relève de notre projet. A chaque processus révolutionnaire les travailleurs-euses n’ont d’ailleurs généralement pas attendu qu’on le leur permette pour commencer, dans les entreprises, les administrations, les bureaux ou les ateliers, pour mettre un coup de frein au despotisme des chefs, des contremaitres et des patrons. Les capitalistes n’étant pas à l’origine de la production, ils n’ont pas être source de décision. A l’inverse, les travailleurs produisent, créent, transportent, et c’est eux qui doivent collectivement décider de la manière dont on produit ou dont on gère la production, de sa finalité, etc. Ce contrôle ouvrier est la première étape d’une démocratie véritable dans l’entreprise et c’est un des chemins de l’expropriation. Mais s’agit-il du projet de Mélenchon ? Son objectif s’inscrit plutôt dans une logique de co-gestion. C’est la façon dont, de tout temps, le patronat et ses politiciens réformistes ont souvent préféré faire quelques concessions de forme, intégrer les syndicalistes aux conseils d’administration, donner l’illusion aux travailleurs qu’ils avaient leur mot ã dire, pour ne pas se faire dépasser par l’action autonome des Travailleurs. C’est ce qu’à chaque étape de révolutionnaire la bourgeoisie ã essayer de mettre en application, De Gaulle en premier, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale par exemple.

Ces deux idées sont les seules évoquées régulièrement par Mélenchon dans les médias qui l’interrogent sur son projet. Loin d’un quelconque « coup de balai », loin d’un hypothétique renversement des institutions, ces dispositifs semblent bien dérisoire au regard de la crise profonde que connaissent les institutions de ce pays et la crise économique, avec son corolaire de précarité, de flexibilité, d’exploitation accrue et de chômage que nous connaissons.

Pour tous les élus, un salaire ouvrier ! Quelques pistes réellement démocratiques…

Un changement radical des institutions consisterait ã ne donner aux élus que l’équivalent d’un salaire moyen. Il n’y a de meilleur défenseur des conditions de vie de la majorité de la population que celui qui les qui les vit au quotidien. Il y a un peu plus d’un an, Jean-François Copé déclarait pour justifier son opposition au non-cumul des mandats que « si on n’a ici que des gens qui se contentent de 5.000 euros par mois, on n’aura que des minables ». Tout dépend ce que l’on entend par « minable ». Pour nous, vivre du produit de son travail est infiniment plus digne que ceux qui doivent passer leurs vacances avec des marchands d’armes ou truquer des élections pour assurer leur train de vie bourgeois.

La révocabilité des élus doit pouvoir se faire ã tout moment et pour tous les postes. C’est le seul moyen pour que les élus rendent des comptes en permanence à la population. Le droit de vote pour toute la population, quelle que soit sa nationalité (encore une demi-promesse de François Hollande, déjà bien vite oubliée) ã toutes les élections doit être une règle : si l’on vit ã un endroit, on a le droit de décider de son devenir, ã tous les échelons, du local au national ! Les jeunes de 16 ans doivent avoir le droit de vote : si on a le droit de travailler, on doit avoir le droit de décider de la répartition des fruits de son travail. A l’inverse, des assemblées telles que le Sénat, où le suffrage indirect est doublé d’une surreprésentation des zones rurales, n’ont pas leur place dans une démocratie digne de ce nom.

Tout ceci, pour l’obtenir, il faudrait se battre pour l’arracher et, bien entendu, ce serait un grand pas en avant pour la lutte du monde du travail, y compris du point de vue des révolutionnaires. On ne peut imaginer qu’un président de la république, ses ministres ou ses députés, à la tête d’un système du « coup d’Etat permanent », le concède de bonne grâce. Pour cela, il faudrait bien plus qu’une marche citoyenne, ou deux, ou même trois. Il faudrait créer, là où la richesse est produite, un réel rapport de force. Mais sur ce dossier aussi la direction du Front de Gauche, qui codirige ou dirige de multiples structures syndicales, ã tous les niveaux, ne se distingue guère de ces confédérations qui, elles, n’hésitent pas ã parapher et ã signer toutes les contre-réformes que Hollande entend mettre en œuvre. On proteste un peu (mais pas beaucoup), et puis on en appelle à la bonne conscience des parlementaires de gauche. Alors qu’il ne faudrait rien attendre d’un Président de la République, d’un César ou d’un tribun mais ne faire confiance qu’en nos propres forces, parce que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », la logique de la direction du Front de gauche n’est pas celle d’élargir la politique aux travailleurs, aux travailleuses, à la jeunesse et aux quartiers, mais de disposer d’un système un peu plus parlementaire où ce seraient d’autres, mais toujours les mêmes « spécialistes », au final, qui se chargeraient de la chose publique.

Combattre « l’austérité » (pour de vrai), ou préparer l’affrontement avec le patronat et son gouvernement ?

Mais avant de conclure, revenons à la manifestation du 5 mai et ã son deuxième objectif proclamé : « combattre l’austérité ». Comment le Front de Gauche compte-t-il s’y prendre pour combattre l’austérité ? La solution la plus élémentaire serait de cesser de rembourser la dette dont la charge représente plus de 13 % du budget 2012 de l’Etat. Mais, ce n’est encore pas l’objectif de Mélenchon. Ce dernier ne souhaite pas cesser les remboursements mais établir un « moratoire », c’est-à-dire une pause dans la saignée qui se poursuivrait. Comment financerait-il donc cette saignée puisqu’il ne souhaite ni l’arrêter ni poursuivre l’austérité ? Selon le chef de file du Front de Gauche en débat face ã Jacques Attali sur le plateau de Des paroles et des actes, la solution serait de « favoriser l’inflation ». Non seulement les solutions dites « keynésiennes », ã savoir la relance par la consommation, l’investissement et par le jeu de l’inflation, restent dans le cadre de ce système, mais ce n’est aucunement une solution réelle à la crise du point de vue du monde du travail et des classes populaires. D’abord parce que, généralement, ce qui est donné d’une main est repris de l’autre, par le patronat, par l’augmentation des prix sur lesquels on répercute la politique salariale. C’est surtout illusoire dans la mesure où là où une telle politique a été appliquée jusqu’au bout, en l’occurrence aux Etats-Unis sous Roosevelt, le « New Deal » a permis un temps de temporiser la crise (et ses conséquences sociales les plus explosives surtout), mais la relance véritable est arrivée avec l’économie de guerre et avec l’entrée des Etats-Unis dans le second conflit mondial. Entre bien des vessies et quelques lanternes, le néo-keynésianisme de Mélenchon, n’est pas sans surprises.

Durant la campagne présidentielle de 2012, le candidat du Front de Gauche dépeignait Hollande, Bayrou, Sarkozy et Le Pen comme les quatre Dalton de l’austérité, manière imagée et efficace de constater qu’ils voulaient tous les quatre faire payer la crise aux travailleurs. Mais avec ses projets d’augmentation de l’inflation qui est Jean-Luc Mélenchon si ce n’est le cinquième de ces Dalton voulant, lui aussi, faire payer la crise d’une façon ou d’une autre aux travailleurs ? Aucune promesse, en tout cas, de faire passer à la banque son ami Serge Dassault et ses acolytes ni d’exproprier et le système bancaire et le grand capital hexagonal, sous le contrôle des travailleurs, pour réellement « faire entrer la citoyenneté dans l’entreprise ».

Face à l’ampleur de la crise économique, sociale et politique que connaît le pays, les mesures que proposent Mélenchon et la direction du Front de Gauche sont très loin d’être à la hauteur des orientations ã prendre. Les travailleurs n’ont besoin ni de vessies, ni de lanternes, mais d’un programme combatif et offensif pour reprendre l’initiative, c’est-à-dire souder les luttes, préparer celles qui peinent ã se structurer et organiser la riposte contre le patronat et le gouvernement. Les manifestations du type de celle du 5 mai montrent combien, chez des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de syndicalistes et de militants, la politique de Hollande est impopulaire et que la colère est grande, même si elle peine ã s’exprimer. La direction de la manifestation du 5 mai, elle, fait tout pour que cette colère ne s’exprime pas sur des canaux de classe, dans les entreprises, sur les lieux de travail et d’études, mais à l’inverse derrière une orientation réformiste, de pression sur l’Exécutif, avec un calendrier ã saute-mouton de marches citoyennes.

Mélenchon dit que « la saison des tempêtes et l’heure des caractères ã sonner ». Peut-être. Il faudrait, dans ce cas, en tirer, réellement, toutes les conséquences. Sur la base du dégoût existant de cette caste politicienne, de la colère qui monte contre Hollande et de la colère sociale, ce serait à l’extrême gauche c’être en première ligne pour proposer le cadre d’un véritable combat contre ce régime pourri et les conséquences de la crise, non pas contre l’austérité et pour un véritable gouvernement de gauche, mais, finalement, contre la politique du gouvernement et les mauvais coups du patronat et pour un gouvernement des travailleurs.

07/05/13

 

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