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Plus de 1000 personnes ã Rueil Malmaison ce mardi
par : Courant Communiste Révolutionnaire - Plateforme Z dans le NPA

14 Feb 2013 | Cela faisait dix jours que tous les grands médias se déchaînaient, affichant de manière répugnante leur haine de l’ouvrier-ère, surtout lorsque celui ou celle-ci se révolte.

Cela faisait dix jours que tous les grands médias se déchaînaient, affichant de manière répugnante leur haine de l’ouvrier-ère, surtout lorsque celui ou celle-ci se révolte. On aura tout vu, tout lu, tout entendu, tout sauf la vérité sur ce qui se passe dans les boîtes. Dans ce débordement de mépris, pas de trace de la violence patronale ã Aulnay, où les grévistes sont soumis à la pression constante d’une milice embauchée pour l’occasion et de cadres importés en nombre [1], ni des conditions de travail pénibles et dangereuses ã Goodyear (comme dans tant d’autres sites), où la direction cherche ã étouffer un grave scandale sanitaire [2]. Pas de trace non plus du déferlement de la répression en ces quelques semaines de mobilisations ouvrières, qui montre bien la complicité du gouvernement avec le harcèlement patronal : aux « entretiens préalables à licenciement » que subissent de plus en plus de grévistes et militants engagés répond de manière exemplaire la présence massive ã Rueil-Malmaison de centaines de CRS [3], bien décidés ã protéger le siège des patrons licencieurs. Et partout, une constante : pour tous ces chiens de garde de la bourgeoisie, ce sont les syndicalistes, les salarié-e-s qui résistent qui seraient responsables de leur licenciement, et non les patrons et leur stratégie actuelle d’ajustement de l’outil productif pour se préparer face à leurs concurrents ou tout simplement pour maintenir voire augmenter leurs profits après avoir déjà accumulé des sommes considérables.

Fort heureusement, le rassemblement d’hier est venu balayer tous ces mensonges. Avec 750 ouvrier-ère-s, la délégation des Goodyear démontrait d’emblée que la CGT de la boîte est soutenue, et que personne n’est dupe, là -bas, des calomnies racontées contre la direction du syndicat ou Mickael Wamen, le dirigeant le plus en vue de la bagarre contre la fermeture. Plus encore, le CCE a permis d’apprendre que la direction du groupe commençait ã mettre en doute la « viabilité » du site Dunlop d’Amiens-Sud, jouxtant celui de Goodyear, dont elle est aussi propriétaire. C’est un démenti formel ã tous ceux qui argumentaient que les salarié-e-s de Goodyear auraient dû se soumettre, comme leurs collègues, aux plans de licenciements et aux 4x8, pour sauver au moins une partie des emplois ! Au contraire, cette nouvelle doit amener ã rompre la frontière qui s’était élevée entre les Goodyear et les Dunlop, ces derniers devant maintenant se laisser convaincre du programme de classe offensif qui consiste ã ne là¢cher aucun emploi.

Dans son intervention, Mickael Wamen a en effet souligné avec force le point de vue de classe que les Goodyear défendent depuis 5 ans, ã savoir le maintien coûte que coûte du site, des emplois et de l’outil de production et le refus des indemnités de départ, un point de vue assez isolé au cours des dernières années, si l’on fait l’exception de Philips Dreux. Un point de vue auquel se joignent maintenant d’autres secteurs de salarié-e-s en lutte. Face aux licenciements, il est insuffisant de se battre pour des indemnités, qui n’ont qu’un temps dans un contexte de crise où la grande majorité des travailleur-euse-s licencié-e-s ne retrouvent pas d’emploi. Défendre les conditions de vie et l’avenir de notre classe, c’est donc défendre tous les emplois. En cinq ans de lutte, la CGT Goodyear a réussi ã faire invalider tous les plans de licenciements de la direction. Hissé sur le toit d’une camionnette, Wamen a répondu aux attaques malhonnêtes contre son syndicat et les militants combatifs des autres boîtes : ce sont les patrons les voyous, ce sont eux qui poussent les salarié-e-s au suicide, ã Goodyear et PSA mais aussi chez Orange, à la Poste ou encore chez EDF. Se battre, c’est défendre le droit des ouvrier-ère-s à la dignité.

A la combativité et la détermination des Goodyear s’ajoutait un autre élément très positif hier, riche en perspectives. Dans la continuité des tentatives de coordination qui ont eu lieu depuis le meeting ã Sciences-po le 24 [4], avec le rassemblement devant le ministère du travail le 29 [5], le meeting devant l’usine d’Aulnay la semaine dernière [6], des délégations d’autres boîtes étaient venu apporter leur soutien aux camarades de Goodyear. A commencer par les PSA, venus ã 60 et pour lesquels Jean-Pierre Mercier a fait une prise de parole, rappelant l’importance de l’unité des travailleurs et travailleuses dans la « guerre » que leur a déclarée le patronat. Les salarié-e-s de Renault étaient une cinquantaine ã avoir fait le déplacement, un geste d’autant plus exemplaire que ce mardi était une journée de grève et de mobilisation contre l’accord de compétitivité que le patron veut leur imposer. Il y avait, en plus, une trentaine de salarié-e-s de Fralib, des camarades de Sanofi, de Faurecia, de Ford Blanquefort, avec Philippe Poutou, d’Arcelor-Florange, etc [7].

C’est ce début de coordination, cette idée en marche que l’on ne peut plus agir boîte par boîte, chacun de son côté, qui a fait si peur à la bourgeoisie. Si les meetings et rassemblements de ces quatre dernières semaines ont réussi ã ancrer cette état d’esprit dans un certain nombre de boîtes, il devient désormais urgent de passer un cap, afin d’être à la hauteur des attaques en cours et de ne pas laisser le temps filer en faveur du camp adverse. La convergence doit devenir réelle, systématique, consciente, dépasser les rivalités syndicales, la discussion nécessaire par rapport au programme ã défendre. Dès aujourd’hui, la convergence, sur une base de classe, est une condition pour la victoire, ã Goodyear comme ailleurs. Pour cela, toutes les propositions de rencontre entre équipes syndicales à la base, pour réfléchir ã des actions et ã un programme commun, vont dans le bon sens et doivent être soutenues. Sinon, on pourrait courir le risque d’aller d’un rassemblement ã un autre, le 7 mars après le 12 février et après le 29 janvier par exemple, un peu à l’image des journées de mobilisation saute-mouton qui, elles, sont sciemment organisées par les directions des grandes Confédérations pour faire baisser la pression d’une part mais surtout démoraliser et briser toute perspective de continuité et de construction d’un rapport de force sur la durée.

Les secteurs les plus avancés et mobilisés aujourd’hui devraient prendre la responsabilité d’appeler ã une réunion de façon ã débattre entre militant-e-s et travailleurs-ses conscients du fait qu’il faudra se bagarrer pour résister. Dans un tel cadre, il serait possible d’aborder dans un débat fraternel l’ensemble des problèmes politiques qui se posent ã nous et qui empêchent au jour d’aujourd’hui d’organiser la contre-offensive. Cela passerait par identifier nos ennemis, qui ne sont pas uniquement les patrons, mais également le gouvernement de gauche, de façon ã poser la question de la rupture de toute illusion à l’égard d’un Hollande qui serait un moindre mal par rapport ã Sarkozy, ou encore par rapport ã toute logique de pression sur la majorité socialiste au Parlement que défendent aujourd’hui Mailly et Thibault-Leapon par rapport à la discussion du projet de loi sur la flexisécurité. Un tel cadre permettrait également de poser la question de quel programme avancer pour gagner, de façon ã arrêter la vague de licenciement, en en posant en débat la perspective du partage des heures de travail entre tou-te-s, mais aussi du contrôle ouvrier et salarié sur la production, au niveau d’une entreprise, d’une branche voire de l’ensemble d’un secteur industriel ou économique, de façon ã permettre l’unification de la classe autour de ses propres besoins et de ses propres méthodes.

En ce sens, un tel cadre de convergence devrait s’adresser à l’ensemble des salarié-e-s attaqué-e-s, du privé comme du public, que les licenciements les concernant soient « boursiers » ou non, qu’ils soient « justifiés », soi-disant parce qu’une boite serait en difficulté, ou moins, parce que le groupe ferait des profits. En effet, non seulement les comptes des entreprises capitalistes sont gardés au secret par les patrons, qui les trafiquent à l’envi. Mais ce n’est pas aux travailleur-euse-s de payer les pots cassés lorsque les capitalistes sont incapables de maintenir une activité. C’est ce système, ses fondements mêmes, qui sont en cause, surtout dans une période où, du fait de la crise, les patrons se sont lancés dans un vase programme d’ajustement de l’outil productif ne serait-ce que pour assurer leur survie en temps qu’exploiteurs. La seule façon pour interdire les licenciements, c’est donc de riposter tous et toutes ensemble, en construisant le rapport de force dans les boîtes et dans la rue, sans se faire aucune illusion par rapport ã une quelconque loi au Parlement. Entièrement acquis à la bourgeoisie, jamais le moindre Parlement ne prendra de décision qui puisse lui nuire. En cela, l’annonce faite par Hollande n’est qu’un écran de fumée qui vise ã affaiblir la mobilisation alors justement que des secteurs centraux du monde du travail commencent ã relever la tête.

Le déchaînement anti-ouvrier de la semaine dernière a aussi montré une chose : pour l’instant, malgré le soutien silencieux de l’opinion populaire, les salarié-e-s en bagarre sont très isolés idéologiquement. Il y a donc un vrai combat ã mener pour organiser la solidarité, lier travailleurs et population, faire entendre ã grande échelle une autre voix que celle des réactionnaires et des bourgeois. là aussi, les initiatives qui sont en train d’être prises doivent être soutenues, amplifiées, popularisées. Et c’est aussi pour cette raison que le petit cortège d’une trentaine d’étudiant-e-s venu soutenir les salarié-e-s en lutte au rassemblement d’hier a une telle importance. Ravivant la flamme de la solidarité active en direction du monde du travail, de ses combats actuels et du rôle révolutionnaire qu’il peut jouer, une telle initiative pourrait, si elle se massifiait, apporter un soutien essentiel ã tou-te-s les salarié-e-s aujourd’hui en lutte.

L’emploi est donc aujourd’hui au cœur de la situation politique hexagonale, au grand dam du gouvernement qui est de plus en plus fébrile et ne cherche même plus ã sauver les apparences en se situant désormais ouvertement du côté des patrons (Montebourg proposait par exemple à la CGT Goodyear de « mettre de l’eau dans son vin » dès l’annonce de la fermeture, trahissant sans sourciller les promesses qu’il avait faites avec Hollande devant les salarié-e-s il y a un an !). La bourgeoisie, qui voit monter la colère et s’organiser la résistance, commence ã prendre peur. Il n’y a donc, pour notre camp, pas de temps ã perdre : il faut favoriser le rassemblement des travailleur-euse-s en lutte indépendamment des directions syndicales, et développer au plus vite la solidarité active de cette majorité de la population qui sent bien que ce combat est aussi le sien.

13/02/2013

 

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