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Interview de Vincent Duse et Daniela Cobet, délégués au Congrès National du NPA et élus au CPN pour la position 4
par : PTS, Argentina

18 Feb 2011 | Lors du Congrès National du NPA du dernier weekend la plateforme 4, à laquelle participent les militants de la FT-QI en France, a obtenu 3,7% des voix des délégué-e-s et compte dorénavant 6 membres dans la direction nationale de ce parti (CPN).

Lors du Congrès National du NPA du dernier weekend la plateforme 4, à laquelle participent les militants de la FT-QI en France, a obtenu 3,7% des voix des délégué-e-s et compte dorénavant 6 membres dans la direction nationale de ce parti (CPN). Nous interviewons deux d’entre eux, Vincent Duse, ouvrier et syndicaliste CGT de l’usine Peugeot Mulhouse, et Daniela, étudiante et travailleuse précaire, militante de la FT-QI.

Quel bilan tirez-vous du Congrès qui vient de s’achever ?

DC : Je ne pense pas qu’on puisse dire que ça a été un bon Congrès. Tout d’abord le faible nombre de délégués atteste d’un net recul des forces militantes du NPA qui ne sont pas aujourd’hui significativement supérieures ã celles de l’ancienne LCR au moment de sa dissolution. Pour nous, cela est tout un diagnostic qui confirme ce que nous disions lors des discussions de bilan aux AGs électives : deux ans après la fondation du NPA l’idée avancée par la direction de la Ligue selon laquelle le fait d’effacer les délimitations stratégiques et de classe du parti permettrait de construire un « parti de masse » était essentiellement fausse.

Le bilan du NPA est qu’il n’a pas pu conserver dans ses rangs l’ensemble des antilibéraux qu’il a voulu attirer car le Front de Gauche constitue une alternative plus intéressante pour nombre d’entre eux ; sans avoir pu attirer non plus un grand nombre de jeunes et de travailleurs qui voyaient pourtant avec beaucoup de sympathie le NPA et Olivier Besancenot. C’est quelque part le résultat de la politique ambiguë et des zigzags permanents de la direction qui ne va pas jusqu’au bout, ni dans le sens de faire un vrai parti de la « gauche de la gauche » ni de développer un parti pour la lutte de classes et la révolution sociale qui puisse gagner les éléments les plus radicalisés de l’avant-garde des travailleurs et des jeunes. Et c’est précisément cela que le Congrès n’a pas pu trancher, le parti restant dans une impasse complète. Aucun des clivages qui se sont dessinés avant le Congrès n’a été tranché par celui-ci et en ce sens c’était une espèce de « non-Congrès ». L’actualité brulante de l’autre côté de la Méditerranée (Moubarak est tombé le premier jour du Congrès) n’avait malheureusement qu’un impact très limité et contrastait avec la misère stratégique de l’ensemble des débats.

VD : Et c’est surtout un bilan très négatif pour la direction sortante qui s’est vue réduite ã seulement 40% du Congrès. Elle n’a pas réussi ã imposer une majorité sur quoi que ce soit et reste elle-même très divisée comme l’a démontré le long épisode du choix de membres de la plateforme 1 pour le prochain CPN. Ils sont arrivés ã interrompre les travaux du Congrès pendant presque deux heures pour tenir une réunion de plateforme et les discussions ont été très violentes, notamment parce qu’au vu de la réduction du nombre de membres de l’ancienne majorité dans la direction (avant le Congrès ils étaient près de 70%) il y avait pas mal de dirigeants provinciaux qui n’étaient pas du tout contents de se voir « exclure » de la direction au profit du noyau central de la plateforme 1, regroupé de Paris, Marseille et Toulouse.

Un autre épisode qui montre les difficultés de l’ancienne majorité ã imposer sa politique est celui du vote sur la question de la religion et du port du foulard islamique. Alors que le noyau central de la direction avait emporté le vote sur cette question dans les Congrès locaux autour d’une motion qui écrivait noir sur blanc qu’une femme voilée ne pouvait pas représenter le parti sous prétexte du principe de laïcité, c’est la position alternative qui a emporté le vote au Congrès, générant ainsi une véritable crise avec une interruption de séance et la soumission au vote d’une série de motions qui cherchaient ã repousser cette décision ã une Conférence Nationale en annulant de fait la décision du Congrès souverain.

Vous avez défendu une plateforme pour le Congrès. Quels ont été vos résultats ?

VD : En effet, nous étions délégués au Congrès à la proportion des voix obtenues dans les Congrès locaux, en tout cas Daniela, qui a été élue avec un autre camarade par le Congrès local de Saint-Denis Ouest (93) où la Plateforme 4 a obtenu 18 voix. Dans mon cas c’est un peu différent car puisque j’avais le droit d’intervenir dans les débats en tant que membre de la direction sortante, nous avons fais le choix de proposer une autre camarade au Congrès local de Mulhouse qui a également été élue déléguée. Au total nous étions 12 délégués, plus moi, pour la plateforme 4 au Congrès national, à la proportion des 119 voix que nous avons obtenues dans l’ensemble des Congrès locaux. Cela peut paraître peu, mais vu la configuration du NPA et des différentes plateformes, ce n’était pas gagné d’avance.

A part les plateformes 1 (ancienne majorité) et 3 (droite du parti qui veut un accord avec la gauche réformiste), il y avait la position 2 qui s’opposait ã tout accord avec le Front de Gauche et avançait un discours plus axé sur les luttes. Cette position a canalisé une grande partie des voix des militants les plus ã gauche du NPA. Dans ce scénario et face ã une grosse campagne de stigmatisation qui a été faite ã notre encontre, nous traitant de sectaires, d’entristes, de lambertistes, etc., 119 voix, c’était plutôt un bon résultat. Ça a été le reflet d’abord et avant tout de l’influence de certains camarades dans leurs congrès respectifs comme c’est par exemple le cas du Congrès de Chartres/Dreux où la position 4 est arrivée en tête avec 9 voix ou encore de Mulhouse mais aussi de la bonne intervention de nos camarades qui ont joué un rôle clé au sein de l’AG Interprofessionnelle de Saint-Denis lors du mouvement de l’automne et dans une moindre mesure à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Mais au-delà de ces « petits bastions » ce qui a été intéressant c’est que nous avons pu voyager aux Congrès locaux dans toute la France pour casser les préjugés de nombreux militant-e-s ã notre égard, parfois obtenir quelques voix isolées mais surtout tisser des liens avec des nombreux militant-e-s du parti que nous ne connaissions pas auparavant et avec qui nous continuerons ã discuter.

DC : De plus lors du Congrès National lui-même nous avons été la seule plateforme ã obtenir des voix supplémentaires sur nos textes et pour l’élection de la direction, c’est ã dire, au-delà de nos délégués. Nous avons ainsi recueilli jusqu’à 15 voix sur nos textes, et 13 pour l’élection de la direction, soit 3,7%, ce que nous a donné droit d’envoyer six camarades, dont Vincent, Manu Georget de Philips et moi-même à la direction nationale du NPA. Nous avons par ailleurs été la seule plateforme ã avoir des ouvriers du rang ã présenter leurs textes à la tribune du Congrès. Tout cela nous a permis de nouer de nombreux liens, notamment avec les quelques ouvriers du parti et avec des camarades ayant voté pour la position 2 mais qui nous faisaient part de leurs accords avec nos positions et avec notre démarche politique.

Un autre aspect important c’est que nous avons réussi ã faire reculer la direction sortante sur une attaque qu’elle menait contre nous par le biais d’une motion qui disait que les membres de l’ex Groupe CRI, qui sont une des composante de la plateforme 4, étaient des entristes et qu’il « n’étaient pas partie prenante du NPA ». Derrière cette motion se cachait une politique d’isolement et stigmatisation de toute notre plateforme et face au rejet de cette motion par la majorité des Congrès locaux et notre intervention ferme au sein de la commission qui traitait ce sujet au Congrès National, la direction s’est vu obligée de retirer sa motion et ne l’a même pas soumise au vote. Les changements statutaires qu’elle proposait pour permettre à la direction de dissoudre un comité qu’elle jugerait non-conforme aux statuts ou aux principes fondateurs a été également repoussé. De ce point de vue, nous pouvons dire que les résultats du Congrès ont été très positifs pour nous.

Quelles sont vos divergences avec la plateforme 2 et comment vous voyez l’après-Congrès ?

VD : Moi la plateforme 2 je la connais très bien car j’ai participé en tant que membre de l’ancien CPN au premier regroupement au sein de la direction qui a donné origine d’abord à la position B lors de la consultation sur les élections régionales et plus tard à la position 2. Nous avons de nombreux points d’accord en ce qui concerne les critiques contre la direction sortante et contre la politique électoraliste qu’elle a mené. Cependant, et c’est bien ã cause de ça que je les ai quittés pour construire une autre plateforme, leurs critiques restent sur le plan des « dérives » dans l’orientation et des « erreurs » de la direction. C’est pourquoi le fond du projet de ces camarades est une espèce de retour aux NPA des origines, sans jamais remettre en cause les ambiguïtés qui existaient dès la création du parti, notamment entre réforme et révolution, pour jeter les bases d’un vrai parti ouvrier et révolutionnaire et non seulement d’un « parti anticapitaliste moins électoraliste ». Cette logique-là les amène ã une recherche incessante d’un accord avec une partie de l’ancienne majorité, pour constituer une « nouvelle majorité » comme ils disent. Dans le Congrès lui-même leur discours combinait une certaine radicalité avec des clins d’œil répétés à la plateforme 1 et un discours très « unitaire » du parti. Ceci dit, aucun accord n’a été possible avec une partie de la P1 et ces camarades ont fini par présenter leur propre projet de texte d’appel pour lequel nous avons appelé ã voter de façon critique. Les discussions entre nous nous les poursuivrons et nous n’excluons bien évidemment pas que l’on puisse faire des pas en commun avec l’ensemble ou une partie de ces camarades.

DC : C’est vrai. Déjà lors des congrès locaux et du congrès national, plusieurs militants nous ont fait part de leur hésitation entre voter pour nous ou pour la position 2, d’autres ont manifesté souhaiter qu’on travaille ensemble et il y a eu même quelques uns qui nous ont avoué voter pour la position 2 avec une petite pointe de méfiance, mais voulant voir si ces camarades iraient jusqu’au bout et tireraient les bonnes conclusions de la lutte politique qu’ils sont en train de mener. C’est un peu dans cet esprit que nous nous retrouvons prêts ã mener des combats en commun au sein de la nouvelle direction sur tous les points qui nous rassemblent, en espèrent que ces camarades avanceront par leur propre expérience vers un questionnement plus profond du le caractère actuel du NPA. Entre temps nous comptons continuer ã mettre tous nos efforts dans la construction d’un courant ouvertement révolutionnaire dans le NPA, avec les camarades qui ont voté pour nous et surtout en essayant de gagner au moins une petite partie de cette nouvelle génération ouvrière qui a été à la pointe du mouvement de l’automne ã cette perspective ; surtout parce que nous sommes convaincus que la lutte de classes en France continuera ã se développer sous les coups de la crise mondiale et grâce aux vents révolutionnaires qui viennent du monde arabe. C’est-là un des meilleurs scénarios pour construire un courant véritablement révolutionnaire. En ce sens nous pensons que la reconnaissance de notre courant, obtenue dans le Congrès, ainsi que le grand respect de nombreux militants et travailleurs d’avant-garde à l’égard de Vincent et Manu, nous mettent dans des bonnes conditions pour aller dans cette direction.

 

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