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La lutte pour les Etats-Unis Socialistes d’Europe
par : FT-CI Europa

16 Feb 2006 | (IIIème partie)

6. A nouveau sur la classe ouvrière d’Europe

La seule classe capable d’unifier authentiquement le continent est la classe ouvrière à la tête de ses alliés, ce qui impliquerait la transformation socialiste du continent. La bourgeoisie, malgré cinquante années de « construction européenne » n’a pas avancé réellement vers la création d’un Etat commun puisque aujourd’hui comme hier les Etats nationaux continuent ã défendre leurs bourgeoisies nationales bien qu’ils le fassent au sein des institutions européennes. L’UE n’est pas un Etat et n’est pas en passe de le devenir. C’est un alliance aujourd’hui défensive en vue de se transformer en coalition offensive face aux autres concurrents impérialistes. Cela ne signifie pas pour autant que les pays impérialistes d’Europe de l’Ouest n’aient pas des intérêts fondamentalement opposés sur un plan stratégique. Leurs contradictions internes passent néanmoins ã un second plan afin de mieux se positionner face aux blocs rivaux. Bien qu’il existe un échafaudage institutionnel, économique et politique entrelacé extrêmement complexe, il n’existe pas de super-Etat ou de post-Etat européen qui se chargerait d’appliquer lois et directives malgré le principe de subsidiarité qui ne représente que l’outil d’application des accords négociés entre grandes puissances. Ce sont les Etats nationaux eux-mêmes qui font appliquer ces accords, lois et directives. Les travailleurs n’ont aucun intérêt ã défendre les frontières anachroniques de la vieille Europe ni même les institutions européennes où les bourgeoisies du continent s’allient en fonction du rapport de force entre elles et en fonction de ce que leur permet la lutte de classe.

L’UE est une association de pays aux intérêts antagoniques ã ceux des travailleurs et n’a aucun aspect progressiste ou réformable. Les institutions qui la sous-tendent ne sont ni « réformables de l’intérieur » en occupant des « espaces » par le biais de « députés de gauche » ni même en faisant pression de l’extérieur par le biais de mouvements sociaux, qu’ils soient dirigés par la bureaucratique Confédération Européenne des Syndicats (CES) ou par des secteurs plus combatifs. Les institutions sont organisées de manière ã ce que le salariat d’un continent hautement industrialisé et développé n’ait aucune prise sur les destinées de la société. Face ã cette machine de guerre du capital, nous réaffirmons en tant que révolutionnaires que l’UE n’est aucunement réformable. Nous ne nous posons pas comme flancs gauches du régime pour qui la critique ne vise que le caractère antidémocratique des institutions ou le caractère par trop libéral de l’UE, comme s’il était possible d’améliorer l’UE en faisant abstraction de son contenu de classe.

En ce sens, toute proposition visant ã démocratiser et/ou ã réformer l’UE ne sert qu’à désarmer les travailleurs et les faire dévier de leur tâche historique, la lutte pour les Etats-Unis Socialistes d’Europe. Pour unifier réellement le continent, nous devrons abattre les bourgeoisies parasites et leurs Etats. L’Europe unie sera socialiste, dirigée par la classe ouvrière, ou alors le continent ne sera jamais unifié.

Unité des rangs ouvriers

Pour défendre un tel programme, il sera nécessaire non seulement d’affronter la résistance de la bourgeoisie mais également celle de ses laquais, les bureaucrates syndicaux. Tout en luttant pour le front unique ouvrier, nous aurons ã combattre pour chasser les bureaucrates syndicaux de nos organisations dans tous les pays, (CGIL-CISL-UIL en Italie, CGT-FO-CFDT en France, UGT, CCOO en Espagne, DGB en Allemagne, Solidarnosc et les syndicats post-staliniens en Pologne, etc.) et récupérer les directions de ces organisations pour en faire des organisations de lutte, unifiant les syndicats par branche afin de lutter contre la fragmentation syndicale dont le patronat tire le plus grand profit. La coordination dans le cadre continental sera seulement effective lorsque nous en aurons fini avec la bureaucratie parasite et collaborationniste de la CES et nous aurons initié un processus démocratique d’assemblées par en bas. Combattre pour ce programme et l’imposer aux directions actuelles sera le premier pas pour le concrétiser.

Cependant, les tâches qu’en tant que travailleurs et jeunes nous nous proposons dépassent de loin le cadre étroit de la lutte que nous offrent les organes syndicaux, même les plus combatifs. Afin de mettre un terme à la tactique patronale qui revient ã nous fractionner sur le terrain objectif ã travers mille catégories et statuts différents et par le biais de l’atomisation syndicale dans certains pays, notre réponse devrait être la construction d’organismes qui servent à la lutte et contribuent ã poser le problème de l’unité des rangs du salariat. Les luttes de novembre et décembre 1995 en France ont donné naissance ã quelques organismes de ce type, dans certaines « intrepro » par exemples où les travailleurs du secteur public et du privé, français et immigrés, syndiqués et non-syndiqués, travailleurs, travailleuses et étudiants luttaient coude ã coude en se coordonnant démocratiquement. Nous devons lutter pour la création de comités d’usine et d’entreprise démocratiques, avec une pleine et entière liberté de tendances de tous les courants se situant sur le terrain de la lutte des classes. Ces comités sont ceux qui nous permettront d’organiser tous les salariés, qu’ils soient ou non syndiqués, en CDD, en CDI ou en intérim, nationaux ou immigrés. Coordonnés ã échelle locale, régionale et nationale, ce sera ã nous les travailleurs et non plus aux bureaucrates syndicaux de décider de notre avenir. Il est également nécessaire que cette lutte se prolonge sur le terrain social, englobant ainsi la grande majorité des classes laborieuses et des opprimés, coordonnant ces comités avec tous les secteurs combatifs ã commencer par la jeunesse travailleuse et la jeunesse scolarisée.

Pour des gouvernements ouvriers et populaires

En tant que révolutionnaires nous défendons systématiquement une stratégie soviétiste qui soit le point d’appui nécessaire à la lutte pour l’auto-organisation de notre classe et l’aide ã prendre conscience de sa force et de son rôle historique. Les organismes d’auto-organisation sont une constante subversive de toutes les situations révolutionnaires à la tête desquelles s’est portée la classe ouvrière et ses alliés. Seul la lutte unifiée et coordonnée dans les usines, les entreprises, les lieux de travail nous permettrait de développer la force des travailleurs jusqu’au bout. Dans cette bagarre pour l’auto-organisation du monde du travail, les conseils ouvriers dans chaque entreprise et la coordination des conseils serviront d’espace où les masses puissent discuter de leurs problèmes, de leurs nécessités et de la manière de conduire l’organisation de la société. En s’organisant en conseils qui préfigurent l’organisation de la nouvelle société, la classe ouvrière pourra décider quel est l’avenir de l’unification pour l’Europe, la seule Europe unie viable et réalisable pour nous, celle des travailleurs et des peuples.

Les travailleurs en lutte qui tendront ã exprimer leur plus complète autonomie en se dotant d’organismes auto-organisationnels ont besoin de se battre pour ce programme afin de contrer toutes les attaques anti-ouvrières et anti-populaires. Cependant, en Europe de l’Ouest, la lutte cotre Bruxelles, ses objectifs et ses directives, est avant tout une lutte contre les gouvernements nationaux qui sont ceux qui négocient, impulsent et appliquent les politiques préconisées par l’UE. C’est l’élément central que prétend masquer la bureaucratie syndicale en jetant la faute ã Bruxelles -tout en participant à la CES...- tout comme le fait la gauche social-démocrate continentale et le Parti de la Gauche Européenne qui regroupe la plupart des PC et anciens PC européens.

La lutte contre l’UE est avant tout une lutte contre nos propres gouvernements en place, qu’ils soient de droite ou de gauche. Cela ne passe pas ã travers une propagande anti-patronale abstraite comme le fait par exemple Lutte Ouvrière en France qui continue ã dresser comme horizon incantatoire des luttes ã venir un nouveau juin 36 ou un nouveau mai 68 combiné ã un « programme d’urgence ». Dans ce sens, il est nécessaire que les marxistes révolutionnaires se battent par la propagande et l’action, ã travers les luttes, pour la constitution d’organismes indépendants de la classe et pour la perspective de gouvernements ouvriers et populaires, les seuls qui pourront prendre des mesures en rupture radicale avec la logique du capital impérialiste.

Dans les PECO soumis au capital impérialiste ã travers leurs patronats nationaux et leurs gouvernements -dont le personnel est le plus souvent issu de la vieille bureaucratie policière stalinienne-, la lutte contre Bruxelles ne peut rester aux mains des partis de droite, xénophobes et populistes. Ces partis cherchent ã élargir leur marge de manoeuvre afin de mieux négocier face au capital étranger le poids des secteurs bourgeois nationaux qu’ils représentent. Afin de lutter contre Bruxelles, nous avons besoin d’un programme clairement anti-impérialiste qui serve pour que le monde du travail des nouvelles semi-colonies de l’Est rompent avec les pressions conjointes de l’UE, du FMI et de la BM. Cela implique également de lutter contre le capital impérialiste qui pille et spolie ces pays en tirant profit de leurs ressources naturelles, de leurs industries les plus rentables, et de leurs services. Pour cela, nous devons lutter pour la renationalisation de tous ces secteurs sous contrôle ouvrier et des usagers. La lutte pour des gouvernements ouvriers, paysans et populaires se démarquant totalement de la sinistre expérience stalinienne qui a exproprié la classe ouvrière du pouvoir politique de l’après-guerre ã 1989 est un mot d’ordre clef. Cela permettrait d’en finir une bonne fois pour toute avec ce sombre passé dictatorial, de juger tous les responsables politiques, policiers et militaires qui ont mené ces pays de la dictature stalinienne à la désastreuse restauration capitaliste.

La lutte pour ces gouvernements ouvriers et populaires dans les différents pays du continent ouvrira la voie et accélérera le combat pour une grande fédération des différentes nations structurée ã travers les Etats-Unis Socialistes d’Europe.

Pour la reconstruction de la Quatrième Internationale et de ses sections en Europe

En Europe occidentale et orientale, la canalisation et/ou défaite du processus de lutte de classes et ouvrier ascendant entre 1968 et 1981 -qui s’est poursuivi par à -coups et rebondissements dans certains pays d’Europe jusqu’en 1984- a eu un impact énorme. C’est non seulement là qu’il faut trouver les racines de la contre-offensive libérale des années 1980 mais également celles de la contre-révolution démocratique d’Europe de l’Est de la fin des années quatre-vingt. De ce point de vue, le mouvement italien de 1994 mais surtout les grèves industrielles de l’été 1995 puis celles du public de novembre et décembre en France ont été le point de départ d’un début de retournement du rapport de force entre les classes après des années de durs coups encaissés et d’attaques anti-ouvrières et anti-populaires. Afin de canaliser activement ou de manière préventive ce potentiel renouveau de la lutte de classes en Europe, les bourgeoisies ont préféré faire le pari de changements gouvernementaux dans la plupart des pays de l’UE. Ils ont ainsi confié les rênes des gouvernements ã ce que l’on a appelé la Troisième Voie qui a ainsi gouverné -à échelle locale, régionale et locale- avec l’appui direct ou indirect de l’appareil stalinien [1] et l’étroite collaboration de la bureaucratie syndicale.

En raison de l’affaiblissement des médiations historiques ayant dirigé le mouvement populaire et ouvrier mais en raison également la transformation croissante de la social-démocratie et ses différentes variantes en agent direct du capital, bien que la Troisième Voie ait su canaliser le gros des luttes qui ont eu lieu ã partir de la fin des années 1990 -en les atomisant ou en les désamorçant-, certains secteurs de la jeunesse ou de la classe ouvrière dans une moindre mesure ne sont pas restés sous la tutelle de leurs directions traditionnelles. Ces secteurs sont entrés en scène dans différents pays européens ã partir de la guerre contre la Fédération Yougoslave et ont connu un certain développement surtout à la suite des manifestations de Seattle de 1999. Remettant en cause les aspects les plus brutaux, mais partiels, de l’exploitation capitaliste et de l’oppression impérialiste dans leur phase actuelle - la « globalisation » selon la terminologie la plus en vogue- c’est ainsi qu’a surgi ce que l’on a appelé le mouvement « anti-globalisation » ou « altermondialiste », avec ses fractions anti-capitalistes minoritaires. En règle générale cependant, ce mouvement s’est maintenu fondamentalement à l’écart des plus gros bataillons ouvriers concentrés de l’industrie et des services à l’exception de quelques uns de ses secteurs les plus radicalisés bien que minoritaires.

Afin de canaliser ces nouveaux mouvements qui ne répondaient plus aux médiations traditionnelles du mouvement de masse -qui dans son ensemble continuait ã être canalisé par inertie par les gouvernements sociaux-démocrates en place et leurs alliés syndicaux- la Troisième Voie a dû créer de nouvelles médiations indirectement liées aux vieux appareils sociaux-démocrates et staliniens afin d’éviter que cette nouvelle génération de jeunes ne converge vers le mouvement ouvrier. Un large spectre de nouvelles médiations est ainsi apparu afin de répondre ã cette nécessité. La Troisième Voie a fini par canaliser ce mouvement dans l’impasse du radicalisme oratoire et du réformisme politique, ã travers notamment les structures de référence du Forum Social Mondial (FSM) -structuré idéologiquement autour d’ATTAC et indirectement donc par la social-démocratie internationale- et leurs alliés, variantes de gauche de ces médiations allant du néo-autonomisme -dont la figure la plus connu est Antonio Negri- jusqu’au syndicalisme de base [2]. Malgré tout, ces nouveaux secteurs qui sont entrés en politique au cours des manifestations contre l’OTAN ou l’OMC dans les rues de Londres, Thessalonique ou Nice ont joué un rôle important en terme de retournement idéologique et politique de la situation d’alors. Ils en sont même parfois arrivés ã confluer ponctuellement, comme au cours des affrontements qui ont embrasé Gênes en juillet 2001, avec d’importants secteurs du mouvement ouvrier traditionnel.

Ce mouvement qui a résisté partiellement au virage réactionnaire de la situation mondiale après le 11 septembre 2001 a néanmoins été la colonne vertébrale du mouvement anti-guerre qui est apparu par la suite au cours des agressions contre l’Afghanistan puis l’Irak malgré les limites de son programme génériquement pacifiste et l’éuropéisme de ses directions qui s’est manifesté clairement au cours de l’offensive contre Bagdad [3].

Dans le cadre d’une situation économique critique dans cinq des principaux pays d’Europe, parmi tous ces secteurs qui ont fait leur expérience avec les expressions traditionnelles de la social-démocratie, le plus gros handicap reste le niveau de subjectivité existant au sein de ces mouvements. Cependant, à la différence de la grande majorité de la gauche radicale qui a participé au mouvement anti-globalisation et anti-guerre, nous pensons que la recomposition et la structuration d’une nouvelle subjectivité ouvrière et internationaliste de cette avant-garde ne passe pas ã travers la construction des instances poly-classistes et réformistes du FSM ou du FSE.

Au même moment, nous assistons depuis 2001 à l’apparition d’expériences embryonnaires mais toujours plus conflictuelles du mouvement ouvrier. Bien que les travailleurs de l’énergie français, les ouvriers allemands d’Opel, des arsenaux espagnols, les traminots italiens n’ont pas réussi ã inverser le rapport de force actuel, même localement, toutes ces expériences sont cependant des symptômes des luttes ã venir et font partie de mouvements d’ensemble massifs bien que moins radicalisés qui ont fait face aux programmes anti-ouvriers et anti-populaires des gouvernements européens au cours des dernières années [4].

Le mouvement ouvrier européen a été dominé notamment au cours de l’après-guerre par deux grandes médiations réformistes, la social-démocratie et le stalinisme. Ces deux forces se trouvent aujourd’hui affaiblies et ont un rapport avant tout électoral plus oscillant avec leurs bases traditionnelles. Cette tendance s’est renforcée au cours des dernières années pour les raisons que nous avons énumérées précédemment, la dynamique générée par les mouvement anti-globalisation et anti-guerre et les expériences ouvrières auxquelles nous assistons depuis un certain temps. Cette nouvelle situation en Europe, commune à la plupart des pays, fait que s’ouvre un espace réformiste ã gauche des grandes médiations traditionnelles. C’est ainsi qu’apparaissent aussi des appels à la constitution de « partis anti-capitalistes » ou tout simplement parfois « anti-libéraux », de la « gauche radicale mais non révolutionnaire », soutenus par les deux plus grands courants se réclamant du trotskysme en Europe, la Ligue Communiste Révolutionnaire en France (LCR, liée au SUQI) ainsi que le Socialist Workers Party anglais (SWP, noyau central de l’IST). La plupart des autres courants de moindre importance se réclamant eux aussi du trotskysme concordent en dernière instance avec ces projets de nouvelles forces politiques de gauche non délimitées stratégiquement.

Au nom de la convergence avec les secteurs combatifs du mouvement ouvrier et de la jeunesse s’opposant à leurs directions historiques -bien que cela se traduise jusqu’à présent surtout sur le terrain électoral- ces courants qui continuent de se réclamer du trotskysme ne luttent pas pour encourager la rupture définitive et totale des travailleurs avec leurs tuteurs traditionnels et pour leur expression autonome, tant sur le plan électoral que dans les luttes. Bien au contraire, ces courants se placent derrière des gros bonnets et des politiciens venant de secteurs critiques de la social-démocratie -comme c’est le cas de George Galloway au sein de Respect par exemple- ou des appareils staliniens afin de ne pas rompre « le front anti-libéral » que dans les faits ils aident ã construire. Ils apportent ainsi une bouffée d’oxygène inespérée ã ces « nouveaux » secteurs critiques ã « gauche de la gauche » qui tôt ou tard nous resservirons les mêmes « vieilles » recettes que par le passé : collaboration de classe dans le cadre de gouvernements d’union de la gauche qui finissent par appliquer, au service du capital, des programmes anti-ouvriers et anti-populaires que la droite ne peut faire passer. C’est bien ce qu’a démontré l’expérience du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002 avec l’appui de ses ministres comme Buffet (PC) ou Mélenchon (PS) qui ont pourtant été les principaux porte-parole du « non » de gauche. Anticipant ce qui pourrait arriver en France en 2007, le PRC de Bertinotti, cher ã Callinicos et ã Besancenot, dont les députés ont voté « non » à la ratification parlementaire du TCE, se prépare ã appuyer et peut-être même co-gouverner avec Prodi, l’ancien président de la Commission Européenne et ancien président du Conseil italien de sinistre mémoire pour les prolétaires, travailleurs immigrés et jeunes de la péninsule. Il se peut que les courants « trotskystes » qui prétendent remplacer la perspective stratégique de la révolution ouvrière et socialiste par l’objectif ã court terme de l’anti-néolibéralisme obtiendront un certain succès électoral. Cela leur donnera certainement l’impression d‘être en phase avec les mouvements sociaux et peut-être même d’accroître leur force par un certain afflux ponctuel venant des secteurs les plus critiques du mouvement ouvrier et de la jeunesse. Mais loin d’armer ces derniers contre les manigances ã venir de leurs médiations traditionnelles, ils les lient encore plus fermement ã elles.

Plus que jamais, au cours des luttes de classes ã venir, c’est ã travers le combat pour une expression autonome des exploités et de la jeunesse dans ses bagarres -comités de base, comités de lutte ou de grève, anti-bureaucratiques et anti-patronaux, coordonnés ã échelle locale, nationale et européenne- que va se recomposer la subjectivité ouvrière. L’avant-garde ouvrière et jeune qui est apparue dans les luttes contre les licenciements et les privatisations, les attaques contre le niveau de vie et les acquis, contre la guerre, la “globalisation” capitaliste et l’Europe du capital, a déjà fait son expérience avec la Troisième Voie et ses variantes. Elle n’a pas besoin d’aucune nouvelle force réformiste de gauche qui la ramènerait dans l’impasse de la conciliation de classe. Pour qu’elle ait la force d’attirer ã elle le gros du mouvement de masse, les secteurs ouvriers les plus concentrés qui hésitent entre sanctionner les gouvernements de droite et le patronat en redéposant leurs espoirs dans le moindre mal -les alternatives social-démocrate aux élections et les directions syndicales dans les luttes- il est nécessaire de combattre pour la construction d’un parti radicalement différent du Linkspartei-PDS-WASG allemand, du PRC italien ou de Synaspismos en Grèce, des forces qui co-gouvernent toutes localement avec la gauche traditionnelle et dont les résultats électoraux font pâlir d’envie la LCR ou le SWP.
Il est nécessaire de reconstruire le parti qui défende jusqu’au bout le programme qui combatte pour la seule issue viable pour le vieux continent, les Etats-Unis Socialistes d’Europe, et qui pose en même temps la nécessité de construire une alternative dans les luttes. Nous nous battrons pour la reconstruction d’un tel parti pour que dans les futurs combats de classe se forge la préfiguration démocratique du pouvoir ouvrier et des opprimés. La Fraction Trotskyste pour la Quatrième Internationale est disposée à lutter pour défendre ce programme et mettre en œuvre toutes ses forces pour travailler en commun pour une alternative radicale et internationaliste avec les secteurs d’avant-garde qui participeront aux luttes ã venir, pour le parti de la Révolution Mondiale, la Quatrième Internationale et ses sections nationales.

 

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