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Lutte ouvrière contre les réductions de salaires et les licenciements

Septième semaine d’une grève exemplaire chez Panrico ã Barcelone

28/11/2013

Septième semaine d’une grève exemplaire chez Panrico ã Barcelone

L’agenda social et politique espagnol n’a pas seulement été marqué dernièrement par les treize jours de grève totale des travailleurs du nettoiement et des espaces verts de Madrid. Face à la détermination des grévistes, Ana Botella et la majorité municipale du Parti Populaire (droite) a d’ailleurs dû opérer un recul partiel dans son plan de réduction des effectifs et des salaires [1]. Moins médiatique mais également très dure, il y a aussi la lutte des ouvriers Panrico de Santa Perpètua de Mogoda, prés de Barcelone, qui entre dans sa septième semaine.

Face à la crise : compression des effectifs et des salaires

Le groupe Panrico-Donuts, l’un des leaders espagnols de la boulangerie industrielle, a annoncé le 24 septembre dernier un projet de restructuration du personnel. Avec 1914 licenciements, soit prés de la moitié de l’effectif total employé sur ses six usines de l’Etat espagnol, le plan s’accompagnait de réductions salariales de 35 ã 45% pour ceux ayant « la chance » de rester.

Dans un premier temps l’UGT et Commissions Ouvrières (CCOO), les deux principaux syndicats au niveau national, ont fait mine de donner de la voix et ont menacé d’appeler ã une grève sur l’ensemble des sites du groupe. Le 10 octobre, ils ont finalement baissé la garde et accepté de négocier le plan social lorsque l’entreprise a annoncé qu’elle aurait bien fini bien par… payer en trois tranches les salaires du mois de septembre qui n’avaient pas été versés !

La grève sur le site catalan de Santa Perpètua

L’agitation et l’émotion a gagné toutes les usines du groupe mais c’est seulement ã Santa Perpètua que les 250 travailleurs du site ont décidé d’entrer en grève avec pour objectif « zéro licenciement, zéro réduction ». Tout au long de la semaine du lundi 14 octobre, les piquets de grève ont résisté aux assauts de la police catalane, les Mossos d’esquadra. L’enjeu était d’empêcher le passage des jaunes et que l’entreprise ne réussisse ã déménager les ordinateurs de son service administratif central situé dans l’enceinte de l’usine ainsi qu’une partie du stock resté à l’intérieur. Si cinq semi-remorques ont réussi ã forcer le passage le vendredi 18, aucun jaune n’est entré depuis à l’intérieur et la production est au point mort.

L’UGT accepte de négocier les licenciements

La lutte des Panrico de Santa Perpètua se trouve aujourd’hui ã un tournant. Après « négociation », l’UGT a fini en début de semaine par signer un pré-accord prévoyant 745 licenciements et des baisses de salaire étalées sur 2013 et 2014, avec une première baisse de 18% suivie d’une seconde de 15%. Les représentants CCOO des autres usines qui font partie de la Commission de Négociation du plan social n’ont certes pas signé ce pré-accord mais ils ne font rien non plus pour aller dans le sens d’une grève sur l’ensemble du groupe et encore moins pour soutenir les salariés du site de Santa Perpètua. En sous-main, l’idée que certains font circuler sur les sites de Paracuellos de Jarama prés de Madrid, de Saragosse, de Murcie, de Valladolid ou de Puente Genil, prés de Cordoue, c’est « si on ne bouge pas, le plan social ne va pas toucher notre usine » ou encore « ã Santa Perpètua, ils sont en grève, et on menace de supprimer 193 emplois ».

Organiser la solidarité pour étendre la lutte

Conscients du risque d’isolement, les grévistes ont multiplié les manifestations. Ilsse sont mobilisés bien entendu avec la population, ã Santa Perpètua. Ils se sont également rendus Place Sant Jaume, devant le Palais de la Généralité de Catalogne, ã Barcelone, d’autant plus que le frère d’Artur Mas, le président de la région autonome, n’est autre qu’un des hauts-dirigeants de Panrico. Les grévistes ont aussi cherché ã tisser des liens avec les autres boites en lutte de la région comme Alstom, Johnson Control ou encore les cheminots de Renfe. Certaines sections syndicales CCOO de chez Nissan, Seat, des traminots de Barcelone ou de la zone portuaire se sont mobilisées à leurs côtés. Les grévistes se sont rendus sur certains des sites Panrico où la bureaucratie syndicale fait tout pour que la grève ne parte pas, et ce d’autant plus que sur deux usines déjà les travailleurs ont voté « non » à l’accord proposé en début de semaine. Les grévistes de Santa Perpètua se sont également rendus dans les facs, à l’invitation d’étudiants et de militants, pour faire le point sur le conflit, et constituer une caisse de résistance.

Autant d’éléments qui font dire ã nos camarades de Clase contra Clase, de l’Etat espagnol, partie-prenants du mouvement de solidarité avec les Panrico depuis le début de la grève, que leur combat ne montre pas seulement que c’est possible de lutter, y compris malgré la pression du chômage, dans un pays où six millions de travailleurs ont perdu leur emploi, mais qu’il est également possible de penser ã une victoire.

« La lutte de Panrico a déjà démontré quelque chose : qu’il était possible de lutter, de s’organiser par en bas, de contrôler les décisions de la section syndicale d’entreprise [Comité de Empresa] ã partir des AG. Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase et il est possible de démontrer que gagner, c’est possible, à la fois sur les conditions de travail et par rapport aux emplois ! Mais pour ce faire, il n’est plus possible de continuer ã suivre l’orientation passive que maintient CCOO dans les autres usines du groupe, ni même de courir le risque que la grève ã Santa Perpètua ne s’enlise si aucune initiative puissante n’est prise pour la renforcer. Les membres de la section syndicale d’entreprise et du Comité de grève doivent prendre en charge ce changement d’orientation. S’ils n’en sont pas convaincu et que les grévistes, eux, le seraient, et bien que la section syndicale d’entreprise et l’actuel Comité de grève fassent un pas de côté et qu’ils laissent l’AG voter sur une nouvelle orientation.

Non seulement il est possible de continuer la grève, mais si la lutte se poursuit les travailleurs de Panrico pourront y compris lutter contre l’ensemble des licenciements. Et si le patronat est déterminé ã fermer l’usine, alors ils pourront également répondre comme l’ont fait d’autres travailleurs, ã d’autres endroits, dans des situations semblables : occuper le site, continuer ã produire sous leur propre gestion et exiger de l’Etat (qui a généreusement subventionné Panrico au cours de toutes ces années) d’exproprier le groupe et de le nationaliser sous le contrôle des travailleurs (…) » [2].

Un conflit qui pourrait en cacher d’autres

Les grévistes ont dû faire face ã toute sorte de manœuvres. Certains, y compris dans le syndicat, ont ainsi laissé croire que la direction de Panrico avait raison de dire que la grève reconductible pendant autant de semaines était illégale. Il n’en est rien.

Le moral des travailleurs en lutte de Santa Perpètua tient le coup. Certains ont plus de trente années de boîte et sont proches de la retraite, mais cela ne les empêche pas de se battre pour « zéro licenciement, zéro réduction de salaire », et ce malgré la logique de négociations des conditions de départ et des licenciements qui a été celle imposée par la bureaucratie syndicale tout au long de ces années.

Il s’agit donc bien d’une grève hors du commun, notamment après que la bureaucratie de l’UGT a apposé sa signature en bas de l’accord-bidon. Comme les travailleurs du nettoiement et des espaces verts de Madrid et encore avant eux ceux de Saragosse, les grévistes de Panrico de Santa Perpètua sont le symptôme d’un possible retour de la combativité ouvrière appelée ã résister face au rouleau compresseur de la Réforme du Code du Travail [« Reforma Laboral] adoptée par la droite en 2012 et qui aggrave celle qui avait été votée sous le gouvernement des socialistes en 2010. En cela, la grève des Panrico de Santa Perpètua représente peut-être le début d’un renversement de la situation sociale dans l’Etat espagnol.

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