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Démantèlement du campement rrom de Saint-Ouen

Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms

27/11/2013

Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms

Chose promise, chose due : les futurs habitants de l’éco-quartier des Docks de Saint-Ouen peuvent être rassurés, ils n’auront pas ã craindre pour leurs poules. La maire s’est montrée ferme et a tenu ses engagements. Ce mercredi matin, vers 8 heures, plusieurs centaines de CRS ont été déployés pour évacuer le camp de Rroms de Saint-Ouen, mettant à la rue près de 800 personnes dont 400 enfants, alors même que le froid est déjà bien installé sur la région. Sur le qui-vive depuis plusieurs jours, certains habitants avaient quitté les lieux la veille de l’intervention, pour ne pas revivre la violence des expulsions. Car nombre d’entre eux l’ont déjà connue, leur installation dans cette zone industrielle désaffectée faisant suite auxexpulsions de terrains qui ont eu lieu cet été dans tout le département (Bobigny, Saint-Denis, La Courneuve, Aulnay sous Bois). Ces municipalités FDG ou PS se sont en effet appuyées sur l’offensive anti-Rroms de Valls pour « libérer » des terrains autour desquelsils développent de fructueux projets immobiliers. Pour les familles rroms, c’est l’incompréhension la plus complète. « Pourquoi font-ils ça ? Où va-t-on aller ? » : ces questions sont sur toutes les lèvres, d’autant plus que le campement compte de nombreux enfants en bas âge, y compris des nouveaux-nés. Le temps de prendre leurs poêles sous le bras et de ramasser quelques effets, et une fois de plus, c’est l’exode forcé sous le regard méprisant des CRS et des différentes personnalités venues se féliciter de l’opération devant les médias.

L’évacuation fait suite ã un arrêté municipal en date du 21 novembre signé par Jacqueline Rouillon, maire Front de Gauche (FASE) de Saint-Ouen, ordonnant aux familles de quitter les lieux dans un délai de 48 heures, sous menace d’intervention des forces de l’ordre [1]. Le sort des habitants du campement aurait dû être vite réglé après les plaintes déposées par la SNCF et RFF, propriétaires des terrains, et les nombreux appels au préfet par la Mairie depuis l’été. Mais c’était sans compter sur leur capacité ã organiser leur défense, avec l’aide d’un avocat de La Voix des Rroms. Celle-ci avait permis d’obtenir au tribunal de Bobigny le report de leur expulsion au 12 décembre, mais la mairie a estimé cette date trop lointaine et mis en œuvre un plan pour accélérer les choses.Il lui a suffi pour cela d’ouvrir une deuxième requête en justice avec ses alliés le préfet de Seine-Saint-Denis M. Galli, nommé par Valls en juin, et la SNCF, en profitant du fait que le campement était situé ã cheval sur deux parcelles appartenant formellement ã deux propriétaires fonciers distincts (RFF et SNCF). Afin d’obtenir satisfaction immédiate, cette deuxième coalition s’est alors bien gardée d’informer les principaux intéressés. Une manipulation juridique odieuse visant ã couper court au droit de défense des familles rroms [2].

Par ailleurs, les raisons évoquées dans l’arrêté sont une liste de mensonges, dont des soi-disant difficultés d’approvisionnement par voie ferrée de la centrale thermique du chauffage urbain (CPCU), qui risquerait de laisser sans chauffage des hôpitaux et des crèches en plein hiver. En réalité la seule voie traversant le campement est hors d’usage depuis longtemps, et la centrale peut parfaitement être approvisionnée par camions [3]. La mairie mettait également en avant les risques encourus par les habitants du campement, mais ce discours soi-disant préoccupé pour les familles tombe à l’eau quand on sait qu’aucune solution de relogement, même provisoire, n’est proposée.

Car ce qui préoccupe véritablement la maire dans cette histoire, à l’approche des municipales, ce sont les plaintes des riverains qui viennent d’emménager dans les immeubles flambant neufs alentours, ainsi que les dégâts pour l’image que la ville souhaite renvoyer pour sonéco-quartierdes Docks en construction ã quelques pas de là ...

A côté de cela, quel devenir pour les familles expulsées ? Quelles solutions vont être proposées ? Personne n’en dit mot ! C’est autant de familles qui vont être condamnées à l’errance, sans accompagnement, sans suivi social, sans scolarisation des enfants. La seule vraie solution passerait par un plan d’urgence d’envergure nationale qui garantisse aux Rroms des droits élémentaires:régularisation pour ceux qui ne sont pas citoyens européens,scolarisation des enfants, gratuité des soins, logement décent, démarche effective d’insertion, au travers de structures ã dimension raisonnable et réparties sur tout le territoire.

Le démantèlement du camp de Saint-Ouen répond strictement à la politique de Manuel Valls qui, ce même 27 novembre au soir, alors qu’Hollande se prépare à lancer une intervention impérialiste en Centrafrique, révélait ã nouveau tout le cynisme, le racisme et la démagogie du gouvernement lors du meeting « contre le racisme et les extrémismes » du PS ã Paris.

La lutte contre le racisme passe également par une lutte contre la politique raciste de ce gouvernement, par le combat pour la solidarité avec les populations rroms, pour leur offrir la possibilité de s’installer et de vivre dans des conditions décentes là où elles le souhaitent. C’est le message qui sera relayé à la manifestation antiraciste du 7 décembre ã Paris à l’occasion du trentième anniversaire de la « marche des Beurs ».

Lutte Ouvrière et ses contradictions municipales

Comme dans d’autres communes du 93 qui ne chaument pas sur le front des expulsions à l’image de Saint-Denis, La Courneuve , Lutte Ouvrière fait partie de la majorité municipale de Saint-Ouen.

Dans un communiqué aussi bref qu’hypocrite, LO dit que « la police de Valls et de Hollande a démantelé, ã Saint-Ouen (…) un des plus grands camps où vivent 800 hommes, femmes et enfants qui ont le malheur d’être des Roms. Forcés [euphémisme, dirions-nous… devant les matraques et les pelleteuses, on déguerpit rarement de bonne grâce…] d’abandonner leurs baraques de fortune, dans le froid, ils devront donc trouver un autre terrain vague pour se ‘reconstruire’ des abris autant que faire se peut. Défendre les intérêts des riches et s’attaquer aux miséreux, telle est la devise de ce gouvernement ».

Mais, camarades, qui a demandé aux flics d’intervenir, si ce n’est la majorité municipale « de gauche » à laquelle participe LOjusqu’à preuve du contraire ?

Défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires, c’est la devise des révolutionnaires. Et voter les budgets municipaux et couvrir les expulsions, c’est la devise de qui ?

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