FT-CI

Il faut renforcer dans la rue l’alliance entre les travailleurs et les étudiants !

Pour une Assemblée Constituante libre et souveraine s’appuyant sur la mobilisation !

26/08/2011

Le 25 août, le jour de grève générale à laquelle la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) avait appelé, a été un succès. Il s’est transformé en une grande journée de mobilisation nationale où s’est développée l’alliance entre les travailleurs et les étudiants. 600 000 personnes se sont mobilisées dans tout le pays dont 400 000 ã Santiago, 70 000 ã Valparaíso, 70 000 ã Concepción, 40 000 ã Temuco. Dans presque chaque ville il y a eu des mobilisations massives. A la fin de la manifestation [Santiago] entre 10 000 et 20 000 jeunes se sont opposés aux forces de répression, les gardiens de l’héritage pourri de la dictature. Partout à la fin des manifestations, c’étaient de grands concertes de casseroles (« caceroladas » et des barricades érigées dans la rue. Le coup a été porté contre Piñera bien entendu mais également contre la « Concertation »,, l’autre pilier du régime qui administre l’héritage de la dictature. Les travailleurs et les étudiants mobilisés affrontent ces deux partis car ils sont responsables de la cession de nos richesses aux monopoles impérialistes et nationaux, de l’exploitation et de l’impunité du patronat, des salaires de misère, du travail précaire ã travers la sous-traitance, des pratiques antisyndicales, de l’autoritarisme (…) de la transformation de nos droits de base comme la santé, le logement et l’éducation en un busines, de la féroce répression, de l’oppression de la nation mapuche.

Ce nouvel affrontement avec le gouvernement a contribué ã affaiblir Piñera mais n’a pas été suffisant pour le faire reculer. Alors que dans les rues certains scandaient « qu’ils s’en aillent tous ! » ou « Le successeur de Pinochet va bientôt être renversé ! », le gouvernement répondait avec une répression très dure. Cela a abouti à l’assassinat d’un jeune d’un lycée technique par la police, comme en témoignent des voisins et sa famille [1] . Le gouvernement en même temps ignorait les revendications des travailleurs et réaffirmait ses politiques pour l’éducation.

Le fait est que les directions majoritaires des mobilisations, le PS d’Arturo Martínez, principal dirigeant de la CUT, le PC de Camila Vallejos, dirigeante de la FECH et Jaime Gajardo qui est à la tête du syndicat enseignant (« Colegio de Profesores ») veulent canaliser la lutte vers des réformes cosmétiques du régime. La question qui est en réalité posée est celle de la fin du sale héritage de la dictature.
La force dans la rue de l’alliance des travailleurs et des étudiants contre l’héritage de la dictature et le régime de la droite et de la Concertation

Des milliers de personnes se sont mobilisées pendant plus de quatre heures dans les rues ã travers tout le Chili. Des fédérations et Centres d’étudiants et de lycéens [organes locaux de représentation des étudiants et lycéens], des coordinations de base et nationales des étudiants en lutte, des dizaines de syndicats de base, etc. ont participé aux manifestations.

Ils ont défié les manœuvres d’intimidation du gouvernement qui menaçait d’appliquer la Loi de Sureté Intérieure de l’Etat ainsi que de ne pas payer les jours de grève. Le président Piñera en est même arrivé ã menacer les médias et ã évoquer le spectre du coup d’Etat de 1973.

Un autre défi a été posé aux manifestants : celui des directions officielles majoritaires des travailleurs. En effet la CUT liée au PS et le PC n’ont rien fait pour préparer la grève. Il n’y a pas eu d’assemblées, ni de bulletins de boite, ni bien évidemment, comme nous le défendions au Parti des Travailleurs Révolutionnaires – Classe contre Classe (PTR-CcC) un Comité de Grève central avec des délégués de base mandatés par les assemblées et ouvert ã toutes les organisation des étudiants, des habitants des quartiers pauvres (« poblaciones ») et à la gauche radicale. Le résultat a été qu’une grande partie des travailleurs du secteur privé, de l’industrie et des services, n’a pas pu y participer. Il en est allé de même pour les travailleurs d’un secteur aussi stratégique que les mines.

Cette politique a eu un impact sur la mobilisation elle-même. En effet, il n’y a pas eu de point de rassemblement, les manifestants se retrouvaient ainsi ã défiler sans parcours et aucun appel à l’approfondissement de la lutte n’a été fait. Et cela même alors que la mobilisation montrait sa force ã travers les manifestations étudiantes antérieures, et avant cela encore, [avant le début du mouvement étudiant de cet hiver], par la grande participation aux mobilisations en défense de la diversité sexuelle.

C’est ainsi qu’on a vu apparaître à la fin de cette journée un secteur d’avant-garde de lutte d’environ 10 ã 20.000 personnes. Ces manifestants se sont affrontés à la police, exprimant ainsi leur haine contre les forces de répression chiliennes qui défendent l’héritage de la dictature.

La force de cette alliance dans les rues entre les travailleurs et les étudiants est telle que le patronat a dû la prendre en considération. Ainsi Eliodoro Matte lui-même, l’un des hommes plus riches du Chili, a déclaré qu’il devait y avoir des négociations sur des réformes de la fiscalité, ce contre quoi le patronat se battait quelques jours plus tôt. Mais cela est en réalité une tentative d’apporter des réformes cosmétiques par en haut de façon à là¢cher un peu de lest pour ne pas courir le risque que la situation ne s’envenime davantage.

Il ne s’agit pas là de la seule proposition de réformes à la marge. Les directions officielles du PS dans la CUT et du PC ont-elles aussi une politique de réformes cosmétiques.
La politique des directions du PS et du PC : faire pression pour pouvoir négocier des réformes cosmétiques par en haut

Lors de la conférence de presse à la fin de la journée du 25 les directions officielles majoritaires (Arturo Martínez de la CUT, Camila Vallejo du PC et de la FECH, Jaime Gajardo pour les enseignants, Lorena Pizarro (AFDD) pour les familles d’anciens prisonniers politiques et de disparus, l’écolo Sara Larraín, etc.) ont déclaré qu’elles continueraient la lutte. Mais, vers où veulent-ils l’amener ? Ils ont parlé d’une « deuxième transition vers la démocratie ». Si la première transition à la démocratie n’a impliqué que des réformes cosmétiques de la part de la Concertation que le PC a toujours soutenue, cette deuxième transition ne sera rien de plus qu’une deuxième vague de réformes cosmétiques. C’est pour cela qu’ils en appellent ã une « démocratie sociale » avec des patrons petits et moyens, précisément ceux qui payent des salaires de misère, sous-traitent pour les grands groupes et qui sont les propriétaires des lycées privés subventionnés. C’est pour cela qu’ils parlent de plébiscite pour rendre « plus participative » cette démocratie pour les riches et ainsi la légitimer. C’est pour cela aussi qu’ils dénoncent le profit tiré de l’éducation mais ne parlent pas d’éducation gratuite et sans subventions pour l’enseignement privé (il en va de même pour le cahier de revendications de la CONFECH qui parle d’éducation gratuite seulement en tant que « perspective »). Ils parlent aussi de réformer le Code du Travail, mais rien n’est dit pour en finir avec la sous-traitance qui divise la classe ouvrière en travailleurs de première et de deuxième catégorie, [ceux qui sont en CDI et les précaires, CDD et intérimaires]. C’est pour cela aussi qu’ils n’organisent pas activement la lutte contre la répression.

Ils veulent négocier des réformes par en haut, appelant ã des nouvelles mobilisations, mais uniquement pour faire pression en faveur de ces réformes à la marge. Ils veulent « dialoguer » avec le gouvernement plutôt que de développer l’unité entre les travailleurs et les étudiants sur la base d’organismes de démocratie directe dans chaque lieu de travail et d’étude pour approfondir et étendre la lutte.

Le gouvernement, affaibli et prenant en compte la mobilisation grandissante dans les rues, a relevé le défi qui lui a été posé.
Le gouvernement cherche ã diviser le mouvement

Le gouvernement, faible et autiste, persiste dans ses politiques pour défendre l’héritage de la dictature qu’avait auparavant préservé la Concertation. Sa politique maintenant c’est de diviser, de faire reculer l’alliance dans les rues entre travailleurs et étudiants. C’est ainsi qu’il a ignoré les travailleurs en disant qu’il s’agissait de manifestations purement étudiantes, alors qu’au moins 50% des manifestants étaient des travailleurs. En même temps il a convoqué uniquement les étudiants à la table des négociations.

Camila Vallejo du PC s’est déjà déclarée au cours des derniers jours ouverte à la possibilité de négociations par en haut. Sa première réaction devant l’appel du Parlement pour des négociations a été d’accepter la proposition. Cependant, dans une réunion de la CONFECH cette orientation a été refusée, l’obligeant ã faire machine arrière. Elle a également appelé ã un référendum, ce qui ne peut avoir d’autre effet que de démobiliser alors que la rue a déjà voté : on veut l’éducation gratuite !

Face au nouvel appel au dialogue de la part du gouvernement, le PC, ã travers Jaime Gajardo, a répondu qu’il a toujours été ouvert au dialogue si celui-ci se menait « avec tous les acteurs sociaux ». Ces « acteurs sociaux » sont eux-mêmes des « négociants d’en haut ». En effet la CONFECH se réunit ã huis-clos avec une poignée de dirigeants. Il en va de même pour la CUT et le syndicat enseignant (« Colegio de Profesores »).

Ce n’est pas ainsi que l’on avance contre un gouvernement et une droite contraints tout de même ã proposer l’ouevrture de négociations « par en haut » tout en réprimant durement, même après la mort de Manuel Gutiérrez.

De son côté Arturo Martínez du PS dans sa conférence de presse a attaqué durement ce qu’il appelle « l’ultragauche » en disant qu’elle fait le jeu de la droite. La réalité c’est que, comme nous le voyons, c’est cette politique de réformes cosmétiques, de négociations par en haut et d’accords patronaux qui représente une couverture du régime par la gauche, et donc aussi par la droite.

Cette politique cherche en même temps ã diviser et ã isoler l’avant-garde de la lutte et qui a clairement émergée lors de la journée du 25 montrant sa disposition à lutter contre l’héritage de la dictature et pour l’éducation gratuite pour les enfants de la classe ouvrière et des classes populaires. Continuer cette politique conduirait le mouvement dans une impasse et ã sa défaite.
Il faut renforcer l’alliance dans la rue entre travailleurs et étudiants. Pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine appuyée sur la mobilisation !

Face aux réformes cosmétiques par en haut il faut appeler ã mettre en place dans chaque lieu de travail et d’étude des organismes de démocratie directe pour la lutte, avec des délégués révocables et mandatés par les assemblées. En même temps, il faut que celles-ci soient coordonnées entre elles.

Nous devons lutter également pour le jugement et le jugement des assassins de Manuel Gutiérrez. On ne peut pas laisser passer ce crime sans que ses responsables soient jugés et punis. Nous devons préparer une nouvelle grève générale pour renforcer l’alliance entre travailleurs et étudiants jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites.

La question qui se pose en ce moment ce n’est pas seulement pour que l’éducation pinochetiste tombe, mais tout le régime. Non aux réformes cosmétiques de la « démocratie sociale » et de la « deuxième transition » ! Celles-ci visent ã changer un peu pour ne rien changer de l’héritage de la dictature qui a été conservé et approfondi aussi bien par la droite que par les gouvernements de gauche successifs ! Non à la droite ni à la Concertation ! Que les travailleurs gouvernent ! C’est en ce sens que luttons pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine basée sur la mobilisation des travailleurs, de la jeunesse, des étudiants et des couches populaires pour en finir avec l’héritage de Pinochet ! Pour obtenir l’éducation publique gratuite et une Assemblée Constituante il faut renforcer et développer l’alliance entre travailleurs et étudiants !

26/08/2011

  • NOTAS
    ADICIONALES
  • [1Au moment où l’article était écrit, le lendemain de l’assassinat de Manuel, les carabiniers niaient toute responsabilité dans la mort du jeune lycéen [NdT].

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