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François Hollande, le candidat anti-finance qui aime les financiers

27/02/2012

Par Romain Lamel

Le candidat socialiste prétend que son adversaire est « le monde de la finance ». Un regard attentif sur le parcours de ses plus proches conseillers et sur le contenu de ses 60 propositions démontre que, dépassé le stade des envolées rhétoriques, le favori des sondages s’inscrit dans la continuité des politiques d’austérité développées dans la plupart des pays européens.

Dimanche 22 janvier, dans son premier grand discours de campagne, au Bourget, François Hollande a déclaré : « Dans cette bataille qui s’engage, mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire c’est le monde de la finance. ». Il a accusé cet ennemi d’avoir « pris le contrôle de l’économie ». En tant que militants révolutionnaires nous pourrions nous prendre au jeu et nous réjouir d’une telle prise de conscience de la part du candidat du premier parti d’opposition en ces temps incertains de crise économique. Il réveille toutefois des souvenirs douloureux chez les camarades un peu plus âgés : difficile d’oublier les diatribes de François Mitterrand contre « les forces de l’argent » qu’il entendait « défier le regard clair », contre « l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ». Au regard des trahisons passées, le nouveau candidat socialiste présente-t-il plus de garanties que son prédécesseur ?

Les amitiés douteuses de Hollande

Une analyse simple du parcours des membres de l’équipe de campagne du président de la région Corrèze laisse présager le pire. Pierre Moscovici, directeur de campagne du candidat socialiste, est vice-président du Cercle de l’Industrie, un lobby patronal français auprès des institutions européennes qui a coutume d’avoir un vice-président de « gauche » mais aussi, pour faire bonne figure… un vice-président de droite. Parmi les conseillers économiques proches du candidat on peut remarquer des personnalités comme Elie Cohen, administrateur des firmes EDF, Energies Nouvelles, Steria et Pages Jaunes ; Jean-Hervé Lorenzi, administrateur de BNP Paribas Assurances et de la Compagnie financière Edmond de Rothschild ; Jean-Paul Fitoussi, administrateur du trust financier italien Intesa Sanpaolo, de Telecom Italia et de Banca Sella Holding ; Emmanuel Macron, actuel associé-gérant de Rothschild & Cie Banque ou encore Stéphane Boujnah, patron de la branche française du groupe financier espagnol Santander. Depuis des décennies, depuis sa scolarité ã HEC et Sciences Po, François Hollande fréquente les plus hauts dirigeants économiques tels que Henri de Castries, actuel PDG d’Axa ; Jean-Marc Janaillac, directeur général développement du groupe RATP ou encore André Martinez, responsable mondial hôtellerie de Morgan Stanley Real Estate. Les diatribes anti-finances du favori des sondages semblent étranges pour un candidat doté d’un tel entourage.

Rapide retour sur les 60 propositions : sympa avec les patrons…

Si l’on se penche sur les 60 propositions, celles-ci révèlent que, dépassé le stade des envolées rhétoriques, le programme économique du candidat socialiste s’inscrit davantage dans la continuité des politiques d’austérité développées dans la plupart des pays européens qu’en rupture avec « le monde de la finance ». Les aides aux entreprises, sous forme d’exonérations d’impôts ou de subventions directes, fil rouge de la politique de tous les gouvernements, de gauche comme de droite, depuis trente ans, se poursuivraient en cas d’élection de François Hollande à l’Elysée. L’objectif déclaré est de favoriser l’emploi en offrant des cadeaux toujours plus importants aux entreprises. Inutile de constater que la courbe ascendante du chômage et de la précarité depuis trois décennies prouve la pertinence de telles initiatives…

En implorant le patronat de maintenir les emplois, les différents gouvernements grèvent le budget de l’Etat sans parvenir à leur objectif déclaré initial mais en revanche renfloue ses caisses de largesses publiques en tout genre. Ainsi, au nom de son « contrat de génération », le favori des sondages souhaite offrir 2,3 milliards d’euros aux entreprises par le biais d’exonérations d’impôts en échange d’un CDI pour un jeune et du maintien de l’emploi pour un senior. Pour « aider l’industrie et la relocalisation de la production » le candidat socialiste propose un nouveau cadeau de 2,5 milliards d’euros. Les entreprises de moins de 5 000 salariés (nous sommes loin de l’image de la-petite-entreprise-dont-le-patron-travaille-beaucoup-et-n’arrive-pas-à-payer-ses-charges-à-la-fin-du-mois) recevraient quant ã elles 2,3 milliards d’euros par le biais d’une réforme du taux d’imposition sur les sociétés. Un dernier petit cadeau supplémentaire sera réservé aux seules PME par le biais d’un crédit impôt recherche de 200 millions d’euros. Au total, ces trois mesures rapporteraient aux entreprises 7,3 milliards d’euros ; un total bien supérieur au milliard d’euros supposé de la fameuse taxe Tobin autour de laquelle médias et hommes politiques s’agitent depuis plusieurs semaines.

… plus vache avec le service public

Si François Hollande s’avère généreux envers le secteur privé, les services publics n’auront pas droit aux mêmes égards. La création de 60 000 postes dans l’Education Nationale, un temps envisagée, puis conditionnée à la courbe de la croissance refait maintenant surface, mais ã condition que « le nombre de fonctionnaires n’augmentera pas » durant son mandat. Ainsi l’argent que donnera le gouvernement de la main gauche à l’Education Nationale sera repris de la main droite aux hôpitaux, aux transports et aux services sociaux. 2,1 milliards devront être économisés par des réductions de postes dans des services publics déjà mis ã genoux par la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux de Nicolas Sarkozy.

Si on ajoute ã cela l’affirmation du maintien du service minimum contre les travailleurs des transports publics, l’absence totale de proposition de revalorisation du SMIC, des bas salaires et des pensions, on en conclut assez clairement que ce n’est pas « le monde de la finance » mais « le monde du travail », le véritable adversaire de François Hollande. L’inverse est de mise également… François Hollande est un des adversaires du monde du travail. Le changement, c’est maintenant, ã condition que nous nous organisions toutes et tous contre les politiques d’austérité du prochain gouvernement, qu’il s’assume de droite ou qu’il se prétende de gauche.

03/02/12

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