FT-CI

Bilan du Comité Politique National des 12 et 13 mai 2012

Explications de vote des camarades élu-e-s de la Plateforme 4

22/05/2012

Nous publions ci-dessous les explications de vote de nos camarades élus à la direction nationale du NPA. Elles portent sur les deux principaux débats qui ont traversé le CPN avec d’une part la question de l’orientation politique générale du parti et de l’autre la question de la fraction du NPA qui souhaite le quitter pour rejoindre le Front De Gauche.

Combinons le combat pour l’unité dans les luttes et contre l’austérité de gauche avec la défense d’un programme clairement révolutionnaire !

(Explication de vote n° 1 de la P4)

Ce Comité Politique National (CPN) était l’occasion de faire le bilan de la séquence présidentielle et de mobiliser le parti dans la nouvelle situation marquée par la défaite de Sarkozy, mais aussi par l’aggravation de la crise en Europe et l’imminence de l’« austérité de gauche » en France. De fait, en l’absence de la Gauche Anticapitaliste (GA) [la fraction du NPA qui souhaite rejoindre le Front de Gauche], qui a osé tenir sa propre réunion nationale au même moment, les discussions politiques du premier jour ont été plus intéressantes que lors des CPN précédents (analyse des résultats, dynamique et nature du Front de Gauche, montée du FN, etc.).

Cependant, si les dirigeants de la GA ont décidé de continuer ã nuire le plus possible au parti (cf.notre explication de vote n° 2), la majorité persiste dans sa désinvolture à l’égard des questions de fond. C’est ainsi que les discussions orales n’ont pas abouti ã de véritables clarifications dans la résolution politique, considérée manifestement comme peu importante.

La résolution reconnaît certes les « faiblesses » de notre campagne, « en particulier notre difficulté à lier les deux premiers points ã une perspective plus générale tant autour de la question du pouvoir, de l’Europe que de la perspective transitoire »... mais aucune conclusion n’en est tirée, aucun réajustement de ligne n’est opéré. Au contraire, la profession de foi pour les législatives ne dit pas un mot sur la question du pouvoir et sur les moyens ã utiliser pour mettre en œuvre nos revendications, ce qui rend notre programme certes sympathique, mais peu convaincant. Le CPN a rejeté sans discussion notre proposition d’utiliser la campagne des législatives pour mettre enfin au centre l’objectif du gouvernement des travailleurs qui « répudierait la dette, exproprierait les banques, le secteur de l’énergie et d’autres groupes capitalistes pour en faire des monopoles publics et relancer la production sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes ».

De plus, la résolution ne dit rien de ce qui se passe en Grèce et ne se prononce pas sur l’euro et l’UE, alors qu’il faudrait les dénoncer tout en expliquant, contre toutes les formes de nationalismes, que la seule solution est de rompre avec le capitalisme par un programme révolutionnaire, incluant évidemment la rupture avec l’UE et sa monnaie, dans la perspective d’une Europe socialiste des travailleurs.

Par ailleurs, la discussion spécifique sur le FN a une nouvelle fois été reportée malgré ses scores inquiétants.

En revanche, nous nous réjouissons d’avoir contribué ã mieux définir la campagne immédiate du parti : refusant tout « état de grâce » ã Hollande et toute trêve électorale, il s’agit à la fois d’œuvrer aux mobilisations immédiates et d’interpeller les organisations du mouvement ouvrier, dont les syndicats et le FdG, pour exiger l’abrogation des lois du sarkozysme que le PS prétendait combattre, la non ratification du traité européen imposant l’austérité permanente, l’unité dans la lutte contre les licenciements et pour l’augmentation des salaires.

Cependant, il faut défendre aussi notre propre programme, susciter des discussions ã son sujet en profitant des acquis limités, mais réels, de notre campagne. Dans cette perspective, on ne peut se contenter de dire que celle-ci a permis de « développer une partie des ambiguïtés de Mélenchon », sans dresser un vrai bilan et sans clarifier la façon dont le NPA doit se prononcer sur la politique du FdG. Nous devons interpeller le FdG pour faire éclater les contradictions entre les aspirations de celles et ceux qui se tournent vers lui et l’impasse totale de son programme réformiste, de sa logique institutionnelle qui le conduira ã soutenir la majorité parlementaire de Hollande et de son chauvinisme de gauche qui le fait couvrir l’impérialisme français.

Tout cela est indissociable d’une réappropriation des questions programmatiques et stratégiques par l’ensemble des camarades. Au moment où la direction de la GA s’apprête ã rejoindre le FdG et où la majorité de la direction du parti se fissure après un an d’accord sans contenu, il est vital de lier la relance militante du parti ã sa refondation clairement révolutionnaire.

Daniela, Ludivine, Ludovic, Marie, Vincent (P4)


Au sujet de la fraction du parti qui veut rejoindre le Front de Gauche

(Explication de vote n° 2 de la position 4)

Lorsqu’on a l’impression d’avoir déjà tout vu dans les réunions du CPN, on se trompe toujours. Ce week-end, toutes les bornes ont été franchies. D’abord parce que nous avons vu des méthodes appliquées par la bureaucratie syndicale se reproduire dans nos rangs lorsque les membres de la GA, qui n’avaient pas assisté aux débats durant tout le week-end (ils tenaient leur propre réunion en parallèle) sont arrivés seulement au moment des votes. Plusieurs, parmi eux, n’étaient venus ã aucune réunion du CPN depuis des mois.

Ensuite parce que la P1A [une des composantes de la direction actuelle (Krivine-Sabado)] a été complice de ces agissements car elle avait prévu de resoumettre au vote la question de la Conférence Nationale, déjà tranchée par le CPN précédent, et comptait sur les voix de la GA pour s’assurer une majorité. Cette CN est en elle-même une atteinte à la démocratie car, contrairement ã ce que prévoient nos statuts, elle sera amenée ã trancher l’orientation globale du parti, y compris le fait de savoir si le NPA doit ou non rentrer au Front de Gauche. De plus, les temps de préparation ne permettront ni un vrai débat dans le parti, ni les garanties démocratiques aux positions minoritaires (les AG électives doivent se tenir sur un seul week-end !).

Pour les dirigeants de la GA « sortiste », cette CN doit permettre de donner une audience « spectaculaire » à leur rupture avec le NPA et terminer de convaincre la partie hésitante de leurs militants. La P1A, ã son tour, semble espérer pouvoir retenir dans le NPA ces mêmes militants de la GA pour constituer avec eux une nouvelle majorité. Le fait de vouloir limiter l’ampleur d’une rupture n’a rien de condamnable en soi. Le problème, c’est de savoir avec quelles méthodes et selon quelle orientation.

Or la P1A est amenée ã faire des concessions énormes à la direction de la GA. Sur le plan politique, certains de ses dirigeants avancent désormais l’idée d’un front permanent avec le Front de Gauche, tout en continuant ã entretenir une totale confusion sur le programme propre du NPA. Sur le plan organisationnel, outre la convocation de la CN, l’accord financier trouvé avant le CPN entre ces deux tendances est tout simplement scandaleux. Sous un chantage ouvert, la P1A a décidé d’accorder une somme importante à la GA, en plus d’une partie des sociétés immobilières qui possèdent les locaux du NPA.

La P1A essaye de justifier cet accord indigne en disant qu’il n’y avait pas d’autre solution si on voulait se présenter aux législatives. Or, non seulement il est faux de céder au chantage et de brader le patrimoine du parti pour des raisons électorales (on aurait même pu présenter moins de candidats), mais les autres possibilités de financement, notamment celles proposées par la P2 [l’aile gauche de l’actuelle direction], n’ont même pas été envisagées. Par ailleurs, alors qu’on avait lourdement insisté sur le caractère prétendument indispensable d’une CN face ã un CPN accusé d’être « illégitime », on n’a pas hésité ã considérer comme « légitime » que ce même CPN livre une partie importante du patrimoine du parti, ni songé ã soumettre cette question aux militants dans le cadre de cette CN.

Le résultat est que la direction de la GA, au moment même où elle décide de rejoindre un courant réformiste, a fait carton plein au CPN. Et la capitulation ne portera pas les fruits espérés, car la GA en sort renforcée et en mesure de mieux unifier ses rangs.

Ce triste épisode aura comme seul mérite celui d’avoir confirmé l’urgence d’une refondation révolutionnaire du NPA, qui lie indissociablement les questions de programme, de stratégie,mais aussi de morale. Ceci implique un bilan sérieux des ambiguïtés du projet fondateur et des insuffisances de l’intervention du parti dans la lutte de classes. Nous espérons que les camarades de la P2 qui ont, pour la plupart, combattu les capitulations de la P1A ã ce CPN, tireront un bilan de leur accord de direction avec la P1A depuis un an et contribueront enfin ã mener les débats en partant des questions politiques de fond.

Daniela, Ludivine, Ludovic, Marie, Vincent (P4)

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