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Les patrons (américains) veulent en finir avec les syndicats combatifs, coûte que coûte
par : Martin Noda

17 Aug 2014 | La banlieue nord de Buenos Aires est le théâtre d’une succession de lutte ouvrières. Dans un temps très court on a vu la lutte de Gestamp (sous-traitante de l’automobile de capital espagnol), Lear (idem, mais de capital américain), et maintenant c’est au tour de Donnelley (aussi de capital américain mais cette fois-ci une usine graphique). Au début, (...)
Les patrons (américains) veulent en finir avec les syndicats combatifs, coûte que coûte

La banlieue nord de Buenos Aires est le théâtre d’une succession de lutte ouvrières. Dans un temps très court on a vu la lutte de Gestamp (sous-traitante de l’automobile de capital espagnol), Lear (idem, mais de capital américain), et maintenant c’est au tour de Donnelley (aussi de capital américain mais cette fois-ci une usine graphique). Au début, leur point commun semblait être la crise de l’industrie automobile. Mais ã y regarder de plus près, il semblerait que le développement de la crise économique (qui ne fait que commencer en Argentine) n’est qu’une partie du problème. La bourgeoisie argentine voit que la tempête approche et que l’obstacle pour pouvoir faire payer la crise aux travailleurs c’est que ceux-ci on déjà commencé ã s’organiser en dehors du contrôle de la bureaucratie syndicale et de l’appareil du péronisme. Et c’est l’extrême gauche qui est au cœur de ce processus, essentiellement le PTS. De leur point de vue, le succès électorale du FIT est un obstacle mineur. Il faut maintenant s’attaquer à l’organisation des travailleurs, même si cela signifie fermer des usines.

Donnelley ferme avant que le conflit n’éclate

L’industrie graphique dans son ensemble a connu deux mauvaises années. Donnelley, par exemple, en 2012 a été déficitaire si on prend en compte les résultats financiers. Ce n’est qu’en 2013 qu’elle a vu un déficit réel. Celui-ci est dû essentiellement aux déséquilibres créés par la dévaluation qui a enchéri le prix du papier (principal matière première et importé dans sa grande majorité).

Cela fait des mois que le conflit actuel se prépare. D’abord l’entreprise a déposé un "plan social" qui annonçait 123 licenciements. Mais la justice et le ministère (qui sont évidemment du côté des patrons) l’ont invalidé en rejetant le motif de la crise économique, invoquée par l’entreprise. La direction a pu alors se rendre compte que la commission interne (syndicat de boîte) était un vrai obstacle pour son plan de licenciements.

Pour désorganiser les travailleurs et agiter le fantôme d’une fermeture, la direction a ensuite décidé de faire imprimer les commandes de ses principaux clients dans d’autres établissements. Mais les travailleurs ont réussi ã empêcher cette manœuvre. En discussion avec les commissions internes des autres usines, ils ont bloqué entièrement ces entreprises dès lors qu’elles continuaient ã imprimer des produits de Donnelley. Face à l’échec total de cette manœuvre, l’entreprise multinationale a décidé, le week-end dernier, de fermer ses portes, d’acter la faillite et de licencier tous les travailleurs sans aucun préavis. Du jour au lendemain ils ont fermé les boîtes mail et téléphone de tous les membres de la direction, ainsi que l’usine. Les travailleurs ont appris cette décision lundi matin, quand un petit papier accroché aux portes fermés de l’usine annonçait sa fermeture définitive.

Conciliation obligatoire et occupation de l’usine

Lundi soir le Ministère du Travail a déclaré la conciliation obligatoire (figure juridique qui n’existe pas en France), qui prévoit que la situation doit être rétablie à la période antérieure à l’éclatement du conflit, c’est-à-dire que les deux parties doivent faire marche arrière, et annuler les dernières mesures prises. Dans ce cas précis, cette conciliation obligatoire a exigé à l’entreprise la réouverture de l’usine et la relance de la production. Le lendemain matin du rendu de décision, les travailleurs sont allés à l’usine, mais la direction n’était pas là , ni même ses avocats. Le Ministère du Travail a alors fait le constat que l’entreprise avait désobéi à la conciliation obligatoire.

Le travailleurs ont donc décidé d’entrer dans l’usine, pour préserver leur postes de travail, empêcher l’entreprise de vider l’usine de ses machines et matières premières et assurer la production. Pendant toute la journée les travailleurs ont continué ã produire, en finissant les commandes et le travail qui était en cours. Ils ont annoncé que l’usine continuerait de tourner.

Les attaques des patrons et la convergence des luttes

Chez Lear, le patron avait refusé de réintégrer les déléguées syndicaux de la commission interne (qui sont en opposition à la bureaucratie syndicale), même en dehors de la légalité et des résolutions du Ministère du Travail. C’était le seul moyen qu’avait la direction pour licencier les travailleurs les plus combatifs. Pour cela la direction a pu compter sur l’aide de la bureaucratie syndicale du Smata (syndicat de la branche automobile). Chez Donnelley le rapport de forces a été plus défavorable à la direction. La bureaucratie syndicale a très peu de poids à l’usine et le rapport de forces à l’intérieur du syndicat de la branche graphique oblige cette dernière ã soutenir formellement les travailleurs de Donnelley.

C’est en voyant ce rapport de forces si défavorable que la direction a décidé de la fermeture du site. L’argument économique n’est qu’une excuse. Pendant les derniers mois la politique de la direction allait plutôt dans l’autre sens, allant jusqu’à augmenter le stock de papier, un stock suffisant pour assurer la production pendant les six prochains mois.

De cette façon l’entreprise devient un nouvel acteur d’une campagne qui se mène en ce moment contre l’extrême gauche. Depuis le conflit de Gestamp, et surtout après Lear, le patrons veulent en finir avec l’organisation indépendante de la classe ouvrière. Ils accusent l’extrême gauche de mettre en péril les postes de travail, car si les travailleurs n’acceptent pas les licenciements, le chômage technique et les salaires de misère, ils répliquent par de nouveaux licenciements qu’ils mettent alors sur le dos de l’extrême gauche. Tout cela n’est que chantage ! Les discours du gouvernement vont dans le même sens. Ils appuient les entreprises en accusant les travailleurs d’être violents, car ils se défendent ã coup de jets de pierre quand on les réprime. Tout cela, tandis que la bureaucratie syndicale menace les travailleurs d’en venir ã des affrontements plus ouverts en disant que l’extrême gauche "cherche une tragédie".

Face au front unique de la bureaucratie, des patrons et du gouvernement, le travailleurs répondent avec la convergence de luttes. Samedi prochain il y aura un meeting de convergence de luttes appelé par les travailleurs de Donnelley et de Lear, mais qui s’adresse à l’ensemble des travailleurs et travailleuses qui subissent les licenciements et les conséquences des attaques des patrons et du gouvernement, et qui veulent s’organiser de manière indépendante de la bureaucratie syndicale.

16/8/2014.

 

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