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Les travailleurs de Lear en lutte contre les licenciements et le chômage technique
par : Martin Noda , Philippe Alcoy

09 Jul 2014 | Après Gestamp, c’est le tour de Lear, une autre entreprise sous-traitante de l’automobile, de rentrer en lutte. La crise économique s’approfondit en Argentine et le secteur automobile est un des plus touchés. Ainsi, les grands constructeurs de l’automobile ont imposé le chômage technique aux travailleurs. Les sous-traitants n’ont pas seulement adopté (...)
Les travailleurs de Lear en lutte contre les licenciements et le chômage technique

Après Gestamp, c’est le tour de Lear, une autre entreprise sous-traitante de l’automobile, de rentrer en lutte. La crise économique s’approfondit en Argentine et le secteur automobile est un des plus touchés. Ainsi, les grands constructeurs de l’automobile ont imposé le chômage technique aux travailleurs. Les sous-traitants n’ont pas seulement adopté cette politique mais sont allés au-delà en licenciant des ouvriers, essentiellement les plus combatifs et les délégués syndicaux lutte de classes. Tout cela a compté avec la complicité de la bureaucratie syndicale du SMATA [1], proche du gouvernement de Cristina Kirchner et l’une des plus corrompues et historiquement plus violentes, qui lors de la dernière dictature a dénonçait des dizaines d’activistes au pouvoir militaire. Ce mardi 8 juillet une journée de solidarité avec les travailleurs de Lear était appelée par plusieurs organisations politiques et sociales. Le PTS a joué un rôle fundamental dans celle-ci, et elle a été un grand succès. Malgré ce succès et la sympathie parmi les travailleurs à l’égard de ce conflit, les travailleurs de Lear n’ont pas encoré pu rompre le front réactionnaire entre le gouvernement, le bureaucratie syndicale et l’entreprise impérialiste. Une preuve de cela la forte répression qui s’est abattue sur les manifestants. Cependant, cela a un grand coût politique pour l’aile “gauche” de ce gouvernement qui proclamait être un gouvernement “des Droits de l’Homme”. Au moment où nous écrivons on parle de plusieurs dizaines de blessés et quelques arrestations.

Licenciements et chômage technique chez Lear

Lear est une multinationale étatsunienne qui fournit des sièges ainsi que des câbles pour le circuit électrique des voitures produites par des constructeurs tels que Ford, Peugeot, etc. Elle embauche 122.000 personnes ã travers le monde reparties en 221 usines dans 36 pays, dont la France. Le site de Pacheco, dans la banlieue nord de Buenos Aires, embauche 650 salariés. En 2013, l’entreprise a dégagé un profit de près de 43 millions d’euros. Lear est également connue par les fortunes de ses hauts responsables et leur politique antisyndicale et de surexploitation. Pour donner quelques exemples, elle oblige les femmes enceintes ã travailler toute la journée debout, licencie les travailleurs qui essayent de monter un syndicat et, dans un site au Honduras, est même arrivée ã exiger aux travailleurs d’utiliser des couches pour qu’ils ne perdent pas leur temps en allant aux toilettes.

Le 30 juin la direction du site annonce le chômage technique pour 100 travailleurs pendant un mois. Ce qui impliquait, contrairement ã ce qu’indique la loi, que les salariés ne recevraient aucune paye [2]. Mais comme rien n’est suffisant pour la direction, 100 travailleurs supplémentaires ont été licenciés. En tout, un tiers des travailleurs sont affectés par les licenciements ou le chômage technique.

Le début du conflit

« J’ai les deux bras cassés [et] on m’a jeté à la rue comme un chien. Où est-ce que je vais retrouver un emploi avec les bras cassés ? Et comme moi il y a plein d’autres collègues qui sont détruits par des années de travail. Pour cette entreprise nous sommes juste un chiffre et quand on ne leur est plus utiles, nous chassent comme des chiens… ». C’est ainsi qu’une ouvrière de Lear exprimait son amertume et sa colère dans le piquet devant l’usine face aux licenciements et les suspensions décidés par l’entreprise.

Face ã cette injustice, la réaction ouvrière a été immédiate avec un débrayage qui a paralysé la production lundi dernier. On a pu voir des piquets de grève, la solidarité d’autres travailleurs et des étudiants, et la convergence avec Donnely, une autre entreprise en grève et qui a été à l’avant-garde des processus de lutte et des embryons de coordination de la région. Toutes ces mesures visaient ã construire un rapport de forces favorable aux travailleurs. La direction a répondu avec les seules méthodes qu’elle connaît : elle a empêché les délégués combatifs de la commission interne d’entrer dans l’usine.

La présence des députés renforce la lutte des travailleurs

Dans le cadre de l’extorsion criminelle de la part du capital financier le plus parasitaire qui exige le payement de la dette extérieur argentine, l’attitude de cette entreprise étatsunienne est perçue comme une provocation. Cela a amené même des députés du bloc gouvernemental ã prendre position pour les travailleurs. C’est ainsi que mercredi 2 juillet, le congrès de la province de Buenos Aires a voté une déclaration d’inquiétude face aux licenciements. Le lendemain, une délégation de députés provinciaux est allée à l’usine. La direction n’a accepté l’entrée que des députés du gouvernement (de son aile gauche). Elle n’a pas accepté que Christian Castillo, député du FIT et dirigeant du PTS puisse entrer. Puis, à l’intérieur, elle n’a permis le contact de ceux-ci qu’avec des travailleurs alliés de la bureaucratie syndicale. Cependant, cette manœuvre n’a pas réussi. Les travailleurs en lutte ont de toute façon pu discuter avec les députés et leur « visite » les a encouragés.

En même temps, l’attitude du gouvernement et de la bureaucratie syndicale, qui ont soutenu chacune des mesures illégales prises par la direction de Lear, a fait que la fraction de la CGT qui s’oppose au gouvernement déclare son soutien à la lutte des salariés et que l’un de ses dirigeants soit présent au piquet de grève ce matin. Il s’agit d’une autre preuve que la lutte contre les capitaux parasitaires impérialistes a un écho parmi la population soumise ã une forte hausse du chômage.

Succès de la journée nationale de solidarité

C’est dans ce cadre que pour protester contre le licenciement et la suspension des 200 travailleurs et travailleuses de Lear une journée nationale de lutte était appelée aujourd’hui mardi 8 juillet. Ainsi, il y a eu des actions de blocage des routes ã Buenos Aires, Rosario, Córdoba, Tucuman, Jujuy, Mendoza, entre autres. Toutes ces actions ont été menées par les travailleurs de Lear et les organisations politiques et sociales solidaires : les partis du FIT, notamment le PTS, les organisations d’étudiants, des syndicats d’usine (comisiones internas), organisations de défense des Droits de l’Homme, etc. La journée a été un vrai succès qui a permis faire connaitre au niveau national le conflit. Le gouvernement a répondu par une forte répression, spécialement dans la banlieue Nord de Buenos Aires sur l’autoroute Panamericana. Plusieurs arrestations ont eu lieu et des manifestants ont été blessés, parmi eux Victoria Moyano, fille de militants « disparus » pendant la dictature militaire et membre du CEPRODH et du PTS, qui avec d’autres avocats ont fait face à la répression courageusement.

Après cette brutale répression, le secrétaire national à la sureté, Sergio Berni, a accusé cyniquement les députés du FIT « d’organiser et gérer » ces manifestations ; il leur reproche hypocritement « qu’au lieu de faire des lois pour empêcher [les blocages de routes] ils y participent ». En outre, le gouvernement est en train de chercher des alliés au Parlement pour faire passer une loi « anti-piquet » [blocage de routes]. Christian Castillo, député de la province de Buenos Aires pour le FIT et dirigeant du PTS a répondu ainsi ã Berni : « le discours de Berni cherche ã justifier le fait que face aux licenciements et le chômage technique arbitraire et illégal, le gouvernement n’a rien d’autre ã offrir que la répression contre les travailleurs et leurs familles ainsi qu’aux organisations de défense des droits de l’Homme, sociales, étudiantes et politiques qui sont solidaires, comme on a pu voir aujourd’hui (…) Nous sommes fiers d’accompagner les travailleurs dans leur lutte contre les licenciements. (…) Les travailleurs de Lear ne sont pas seuls et sont en train de montrer leur détermination à lutter pour défendre leurs postes de travail. Les députés du PTS dans le FIT qui sommes présents ã chacune des luttes et qui défendons comme propres les revendications ouvrières et populaires, redoublons notre engagement et disons ã Berni et son gouvernement qu’ils ne nous font pas peur avec leurs menaces  ».

Alors que la crise continue ã s’approfondir en Argentine et se faire sentir dans des secteurs importants de l’économique comme l’industrie automobile, les travailleurs comme ceux et celles de Lear sont en train de dire que ce n’est pas ã eux de payer la crise des capitalistes. Nous continuerons ã informer sur cette lutte très importante (pour suivre l’actualité du conflit –en espagnol- voir : http://www.pts.org.ar/Despidos-masivos-en-Lear).

Depuis la France, où les travailleurs de l’automobile subissent des fermetures de sites, des licenciements et des ataques contre leurs acquis comme celle appliquées ã travers l’ANI, ce serait fundamental d’exprimer notre solidarité en signant la pétition ci-dessous.

8/7/2014.

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Pétition de solidarité avec les travailleurs argentins de Lear

Nous condamnons les licenciements, les suspensions illégales et les attaques contre les délégués syndicaux de Lear !

A la fin du mois de mai, la multinationale LEAR a mis ã pied 330 travailleurs de manière complètement illégale, pour une durée indéterminée et sans même lancer la procédure de prévention de crise pourtant requise par la loi. Les travailleurs ont refusé d’accepter cette situation, et ont organisé des assemblées et des blocages routiers, poussant le Ministre du Travail ã émettre un décret reconnaissant que ces suspensions sont illégales.

Pourtant, en dépit de cette décision officielle, l’entreprise a poursuivi ses attaques en mettant au chômage technique pour 30 jours, et sans salaire, 200 des 330 travailleurs, et en licenciant sans indemnités 100 d’entre eux quelques jours plus tard, les mettant ainsi que leurs familles dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Cette attaque constitue une violation contre leurs droits humains fondamentaux et ceux de leurs familles.

Lear Corporation est une compagnie américaine qui emploie 122 000 salariés sur 226 sites répartis dans 36 pays, et le seul acheteur des câbles électriques qu’elle produit sur son site de Pacheco ã Buenos Aires, est Ford Argentina, dont la production est restée au même niveau au cours de la dernière période. Mais Ford a décidé d’importer d’Amérique centrale et d’Europe une partie importante des câbles qu’elle achetait auparavant ã Lear. Pendant ce temps, le site de Pacheco subit licenciements et mises ã pieds. Les comportements de Lear et Ford sont d’autant plus injustifiables que le gouvernement argentin octroie des subventions à l’industrie automobile et vient juste de lancer un plan (nommé Pro.Cre.Auto) pour stimuler les achats de voitures, ce qui va naturellement profiter aux deux entreprises.

Lear refuse de payer les salaires de 200 travailleurs en prétextant une crise financière, alors que rien qu’en 2013, le montant total de ses ventes au plan mondial s’est élevé ã 16,2 billions de dollars. Dans ce contexte, la direction de Lear a décidé de façon absolument illégale d’interdire l’accès au site de Pacheco aux membres de la Commission Interne, laissant les travailleurs sans représentation syndicale et les privant là aussi de leurs droits fondamentaux.

Nous, signataires de cet appel, protestons contre les actions de Lear Corporation, monopole jouant avec des millions de dollars, qui condamne à la misère 200 travailleurs et leurs familles. Nous exigeons que l’entreprise se soumette aux lois nationales et aux traités internationaux garantissant le respect des droits de l’homme, qu’elle mette fin ã ces licenciements illégaux, et permette aux travailleurs de retrouver leur travail.

Envoyez vos signatures à l’adresse : [email protected]

Parmi les premiers signataires :

Adolfo Pérez Esquivel - Prix Nobel de la Paix (http://www.pts.org.ar/Premio-nobel-...)

SERPAJ- Servicio Paz y Justicia

Lita Boitano- Familiares de Detenidos y Desparecidos por Razones Políticas

Elia Espen- Madres de Plaza de Mayo Línea fundadora

Enrique Fuckman- Asociación Ex Detenidos Desaparecidos

Graciela Rosenblum- Liga Argentina por los Derechos del Hombre Comisión Campo de Mayo

Asociación de Ex Trabajadores Detenidos Desaparecidos de Ford Asociación de Ex Trabajadores y Familiares Desaparecidos de Mercedes Benz

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Voir :

LEAR Corporation : Billions for Executives, Low Pay Jobs for Workers. Story of a Vulture Multinational Corporation

(Video) Lear layoffs : Government beats up workers and protects corporations’ interests

(Video) #Urgent Human rights activists denounce the repression against Lear workers in Argentina

Facebook : https://www.facebook.com/saynotolearcorp?ref=nf

Twitter : https://twitter.com/juanagallardo1

 

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