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Retour en force du racisme anti-Rrom : la bourgeoisie en campagne
par : Pierre Hodel

01 Oct 2013 | Le président « socialiste » rejoint ainsi le discours de Grenoble de 2010, lorsque Nicolas Sarkozy avait lancé son offensive ultra-réactionnaire contre les Rroms, invitant ã « mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Rroms ». Hollande avait alors fait son (...)
Retour en force du racisme anti-Rrom : la bourgeoisie en campagne

Voilà les mots, d’après Europe 1 – non désavoués – que François Hollande aurait prononcé ces derniers jours sur les Rroms : « La majorité des Rroms a vocation ã être raccompagnée dans son pays d’origine » car « seule une minorité [d’entre eux] cherche ã s’intégrer ». Pour une fois, les choses sont claires dans le train-train médiatico-politique de la classe dominante : « Arrêtons les débats sémantiques, il y a un consensus sur la réalité »... Retour sur un racisme de classe de plus en plus assumé...

La bourgeoisie s’accorde sur la question Rrom

Le président « socialiste » rejoint ainsi le discours de Grenoble de 2010, lorsque Nicolas Sarkozy avait lancé son offensive ultra-réactionnaire contre les Rroms, invitant ã « mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Rroms ». Hollande avait alors fait son indigné. Depuis, il a choisit de défendre les déclarations de son ministre de l’intérieur, Manuel Valls et même de le soutenir publiquement en septembre 2012, affirmant que le devoir du ministère de l’intérieur est « à la fois d’appliquer les décisions de justice, et en même temps, de reloger autant qu’il est possible ou de reconduire [les Rroms] dans leur pays d’origine ».

Que dit Vallsdepuis ? Le discours devient de plus en plus réactionnaire et raciste à l’approche des élections municipales.Le « mode de vie » des Rroms serait désormais en « confrontation » avec celui des populations françaises. Un simple dérapage du membre le plus ã droite du gouvernement ? Bien au contraire, le ministre reçoit le soutien de Hollande, Ayrault se contentant de calmer le jeu sans désavouer ces propos. Anne Hidalgo, adjointe PS à la ville de Paris s’empresse de renchérir de plus belle : « Paris ne peut pas être un campement Rrom (...) La situation dans nos villes est extrêmement critique... Il faut être ferme ». Certes, bien plus politiquement correct que le maire de Cholet (« Hitler n’en a peut être pas tué assez »)... mais tout aussi raciste. L’UMP elle défend... Valls. La commissaire européenne Viviane Reding a même condamné la campagne raciste en France : « Si je ne me trompe [pas], il y a de l’élection dans l’air en France. À chaque fois qu’on ne veut pas parler de choses importantes comme le budget ou les dettes, on trouve les Rroms ». Cela a permis à la bourgeoisie française de se poser en défenseure des intérêts nationaux face au politiquement correct de l’Union Européenne. Une pose soutenue ã bout de bras par des conseillers en communication fanatique du storrytelling.

Le Pen, Estrosi, Hidalgo, Valls, NKM, tous se rejoignent sur le fond. La bourgeoisie et ses partis sont d’accord : les Rroms, voilà l’ennemi. On aura rarement vu une aussi belle démonstration du fait que l’aile gauche, droite et extrême droite de la bourgeoisie savent faire cause commune dans les affaires les plus inhumaines.

Pour Cécile Duflot et Europe-Ecologie - Les Verts (EELV), l’offensive raciste du gouvernement permet de redorer un instant le blason du parti écologiste. Accusant Valls de « mettre en danger le pacte républicain », la ministre du Logement ne fait que tenter la sortie de crise pour son parti, alors que seule une minorité d’adhérent soutient désormais la participation au gouvernement.

L’approche des municipales, l’aggravation prévue de la crise, tout semble pousser les partis bourgeois vers la recherche d’un bouc émissaire évident. Ce choix du PS n’est pas anodin, il accompagne désormais nettement la tendance à la racialisation. La dynamique de plus en plus réactionnaire du champ politique semble s’emballer et les idées du Front national deviennent le centre de gravité vers lesquels les discours des politiciens sont irrémédiablement attirés. Cette tendance semble, du fait de la crainte du PS de perdre comme jamais les élections, les précipiter dans cette direction et renforcer d’autant plus les tendances réactionnaires.

Sur le fond, il faut promouvoir un ennemi intérieur et opposer les travailleurs entre eux. Le succès croissant d’Aube Dorée en Grèce montre ã quel point l’aggravation de la crise dans un pays européen peut glisser vers des tendances ultra-réactionnaires bien utiles à la bourgeoisie, notamment pour contenir l’extrême gauche.

Sur la forme, le mensonge médiatique se fait grandiloquent. Ainsi, lorsque Rachida Dati affirme avoir vu des Rroms harceler des enfants sortant des écoles du 7ème arrondissement, aucun démenti réel n’est mis en avant par les médias, alors qu’il s’agit d’un mensonge grossier et que tous les habitants du 7ème le savent. Et le nombre de ces mensonges grossiers ne fait que se multiplier, signe que l’appareil médiatique n’a jamais été aussi aligné – par nécessité pour la bourgeoisie – avec les mots d’ordre lancés par les différents quartiers généraux de la grande bourgeoisie.

Plus c’est gros plus ça passe

La haine des Rroms est historiquement profondément ancrée dans la petite bourgeoisie et la paysannerie française, par le fait qu’ils incarnent le nomade, c’est ã dire l’anti-propriétaire par excellence. Le génocide des Rroms pendant la 2ème guerre mondiale, sur le territoire français n’a ni musée, ni monument « républicain » comme dirait Cécile Duflot. Jusqu’à encore récemment, il n’y avait pas une ligne sur ce génocide dans les programmes et les manuels scolaires d’Histoire. Comment s’étonner alors que la peur du « plombier polonais » ait été remplacée par la peur du Rrom, la peur du mendiant ultra-pauvre n’ayant rien ã perdre ? En réalité il s’agit d’un retour ã un fantasme du XIXème siècle, qui prouve que les bonnes vieilles recettes archaïques du capitalisme pour ériger un bouc émissaire fonctionnent toujours. Et comme d’habitude plus on a affaire ã une menace fantasmée, c’est-à-dire inconnu et minoritaire, plus cela fonctionne. Combien de Rroms en France ? Entre 15 000 et 20 000 Rroms... soit 0,02% de la population vivant sur le territoire français.

Le « mode de viedes Rroms » de Valls, c’est ã dire le nomadisme, est construit comme une identité absolue, rendue incompatible avec... une identité française ! Voilà où en est le Parti Socialiste français : sans le dire, il parle d’identité française. Qui serait assez idiot pour ne pas voir qu’il s’agit d’aborder la question sous l’angle racial ? L’illégalité des camps Rroms n’est que la conséquence des politiques inhumaines de la « République » qui n’a jamais cherché ã accueillir décemment ces populations. Comment s’étonner alors des phénomènes criminels ? Est-ce vraiment un crime de voler pour survivre ? Comment la France serait-elle incapable de loger 20.000 personnes dans le besoin ? De scolariser leurs enfants ? De garantir leurs droits à la santé ou à la formation ?

Les chiffres officiels sont de 17 000 personnes vivant dans des bidonvilles. Et la société française ne pourrait rien y faire, tout comme l’Etat ? Alors comment expliquer qu’il y a 40 ans cette société – pourtant plus pauvre – ne tolérait pas les débuts d’un bidonville et construisait ã marche forcée des grands ensembles ? Plus de 4000 enfants vivent dans ces bidonvilles mais c’est un sujet qui n’apparaît que grâce à la stigmatisation des Rroms. Les usagers du RER B dans le 93 ont pourtant vu grandir progressivement ces bidonvilles pendant des années. Il faut dire que c’est aussi dans ce département que bien de villes dirigées par des maires PCF et Front de Gauche en général expulsent des Rroms en détruisant leurs maisons. Et cela ã n’importe quelle saison de l’année.

Le défenseur des droits, Dominique Baudis, fonctionnaire, a reconnu que le gouvernement n’appliquait pas sa propre circulaire du 26 août 2012 encadrant le démantèlement des camps de Rroms. Les évacuations se faisant pour la plupart sans décision de justice ! L’état de droit mis en avant par l’idéologie bourgeoise semble bien fragile en période de crise. En réalité, le nomadisme des Rroms en France est un nomadisme forcé, crée par l’État. Qui a dit pompier-pyromane ? Dans les années 1930, la grande majorité des français pensait qu’on ne pouvait intégrer les Juifs. Pour Marx l’histoire n’est pas condamnée ã se répéter, mais il lui arrive de tourner en caricature.

Ces délires anti-Rroms n’auront qu’un seul résultat : renforcer l’extrême-droite. Cette propagande xénophobe contre les Roms c’est aussi une campagne contre tous les pauvres et tous ceux qui subissent le plus la misère et le racisme créé et orchestré par les classes dirigeantes.

28/9/2013

 

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