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Une rentrée catastrophique pour Hollande

05/10/2014

Une rentrée catastrophique pour Hollande

Comité de rédaction

Une rentrée chaotique pour le gouvernement

Sur fond de crise économique qui dure, et suite à la débâcle aux dernières élections municipales et européennes, une crise politique majeure s’est ouverte cet été dans le gouvernement. A mi-mandat, François Hollande est déjà extrêmement affaibli avec une popularité de 13%, ce qui en fait le président le moins aimé de la Ve république. Cela est d’une part la conséquence de la crise économique et sociale qui ne cesse de s’approfondir, crise qui, en France, prend la forme d’une crise plus profonde et structurelle, comme le montre l’accélération de la désindustrialisation relative, l’augmentation du chômage qui dépasse aujourd’hui les 10%, et, chose inédite depuis 1945, un appauvrissement du pays depuis 2007-2008.

Cette situation économique explique, en partie, le désespoir de la population et son sentiment d’écœurement. Elle est accentuée par un rejet généralisé de la politique du gouvernement, en particulier chez les classes populaires, qui souffrent directement des politiques d’austérité qui, en contrepartie de cadeaux au patronat, ponctionnent les budgets des services publics, attaquent directement la protection sociale et notre système de santé via le pacte de responsabilité, privatisent des pans entiers de services publics, avec la réforme du ferroviaire, et remettent en cause les droits des plus fragiles et précaires.

Dans la mesure où aucune perspective de sortie de cette dynamique, et où la politique du gouvernement est toujours plus droitière, suivant l’agenda du MEDEF, avec en prévision, les attaques sur les 35h, la « simplification » du code du travail, le flicage des chômeurs, la répression syndicale, l’écœurement fait de plus en plus place ã un rejet populaire qui n’est pas sans conséquences sur l’échiquier politique français, la situation du gouvernement et pour le régime cinquième républicain.

Une crise politique majeure qui fait trembler les institutions

Cette politique, que les économistes libéraux dénomme joliment « politique de l’offre » et cette tentative ã tendance bonapartiste ã museler toutes les oppositions internes, même minimes, ont provoqué une crise majeure à l’intérieur du gouvernement avec les départs d’EELV après les élections du printemps, mais aussi la démission forcée d’Arnaud Montebourg, Ministre de l’Economie, et Benoit Hamon, Ministre, non moins important, de l’Education Nationale. La majorité gouvernementale au parlement, n’a, quant ã elle, jamais été si fragilisée, et ce n’est pas l’abstention des frondeurs lors du vote de confiance du gouvernement qui est ã même de la renforcer. Les députés « frondeurs » très attachés à leurs émoluments parlementaires, se retrouvent entre le marteau et l’enclume, entre l’envie de se démarquer de ce gouvernement pour une politique de relance économique et la peur d’un blocage des institutions et d’une dissolution du parlement qui signifieraient, dans le contexte actuel, la perte de leur siège parlementaire.

Malgré le rétrécissement de sa base électorale et politique, le gouvernement souhaite continuer et accentuer les contre-réformes réactionnaires, s’appuyant sur les mécanismes antidémocratiques du système présidentialiste de la Ve République. L’aversion des classes populaires et des travailleurs, envers le président et le gouvernement est si fort que se pose sérieusement la question de savoir si un gouvernement peut véritablement arriver à la fin de son mandat. L’opposition institutionnelle, l’UMP, est, quant ã elle, complètement décrédibilisée, avec notamment le bilan du mandat Sarkozy, les affaires sur les comptes de campagne et la corruption. Ce n’est pas le retour de Sarkozy dans l’arène politique qui tente de se démarquer de l’ancien Sarkozy prônant un changement de nom du parti ou se voulant rassembleur vers le centre, qui permettront de répondre à la crise du parti de la droite traditionnelle.

Ainsi, les deux pôles bourgeois du bipartisme qui se partagent le pouvoir depuis le début de la cinquième république, le PS et l’UMP, sont en crise politique majeure et apparaissent complètement délégitimés et incapable de répondre à la crise et au chômage, autrement que par des politiques qui attaquent les travailleurs.

Derrière la crise de ces deux pôles institutionnels, se cache une crise des institutions de la cinquième république. Mise en place par le Général de Gaulle en 1958, celle-ci renforce le pouvoir exécutif du président mais résiste difficilement ã des années de crises économiques et de déclin de la France au niveau international. Ces institutions sont ã bout de souffle, et les secousses risquent bien d’aller grandissant de pair avec les futures attaques contre les travailleurs et les suppressions d’emploi qui continuent.

Une crise qui profite pour l’instant au FN

La crise politique majeure, dans le gouvernement, qui rejaillit sur les institutions de la 5èmeRépublique, approfondit les éléments de rupture entre de larges couches de travailleurs et des classes populaires avec la gauche institutionnelle et les politiques du régime dans leur ensemble. A l’échelle des partis politiques, cet approfondissement de la crise profite aujourd’hui surtout au FN, comme le démontrent les derniers sondages donnant Marine Le Pen en première position dans les intentions de vote pour les prochaines présidentielles.

Du côté de l’autre pôle du bipartisme français, la crise de l’UMP, profite aussi ã Marine Le Pen. Mis ã part la série d’affaires et de scandales ã répétition qui traversent la droite traditionnelle, des divergences stratégiques tiraillent le parti entre les pros et anti européens, l’orientation et le système d’alliance envers un FN en pleine émergence, la bataille pour la direction du parti. L’UMP est décrédibilisé et une partie de sa base électorale se tourne vers le FN.

Du côté de la gauche de la gauche, les travailleurs sont désorientés politiquement par l’assimilation du Front de gauche aux partis du gouvernement avec pour illustration les alliances aux dernières élections municipales dans de nombreuses villes, comme Brest, Toulouse, Perpignan ou Paris. Du côté des directions syndicales, après s’être montrés disposés ã toute sorte de compromission et de « dialogues », la « leçon de lutte de classe » que leur a donnée Gattaz avec la publication par le Medef de son « programme maximum » contribue un peu plus ã décrédibiliser les confédérations (qui ont poussé des cris d’orfraies) mais également, par ricochet, ã déboussoler le « monde du travail ».

Des brèches s’ouvrent pour la lutte de classe

C’est dans ce contexte de crise politique que de nombreuses luttes et phénomènes politiques peuvent survenir sous des formes très variées, voire innovantes :

Cela non seulement avec des luttes ouvrières comme les mobilisations contre « l’hôstérité » dans les hôpitaux et la santé, ou encore les pilotes d’Air France dans la grève la plus longue de son histoire, celle d’un secteur privilégié, mais à la fois stratégique de notre classe qui se bat contre la précarisation de leurs contrat de travail et la délocalisation de leurs emplois, ou les étudiants qui subissent des coupes claires dans les universités et la hausse des prix et qui commencent ã se mobiliser comme nous pouvons le voir aujourd’hui à l’université Paul Sabatier ã Toulouse, etc…. Ce peut être aussi des explosions de colère contre l’État avec les producteurs de légumes en Bretagne qui incendient le centre des finances publiques de Morlaix, de petits exploitants agricoles qui subissent la pression féroce des monopoles de la grande distribution.

Pour l’instant, ce sont des expressions isolées de la lutte de classe, mais cela ne veut pas dire que la situation ne puisse pas se précipiter et qu’il ne faille pas se préparer ã de réelles explosions de colère. Ainsi, ces mouvements auront une tendance ã une politisation accélérée et ã une confrontation beaucoup plus directe au pouvoir qui n’a plus, dans le cadre de cette crise politique majeure du gouvernement, de premier ministre fusible, tel que l’a été Villepin en 2006 lors des mouvements du CPE.

Ainsi, cette conjoncture est propice à l’explosion sociale, avec des mouvements n’ayant probablement pas d’emblée un caractère de classe bien défini et un programme type « bonnets rouges ». Dans ce type de mouvement, l’extrême gauche aurait tout ã gagner ã intervenir en cherchant ã constituer des pôles lutte de classe avec un programme clairement délimité pour une riposte ouvrière et populaire à la crise économique et politique et contre la logique de la bourgeoisie qui pose la nécessité de la compétitivité et de la désinflation salariale comme seule réponse à la crise de leur système capitaliste. Ce programme poserait les mots d’ordre suivants :

- Interdiction des licenciements et fin des suppressions de postes. Pour une réduction massive du temps de travail sans perte de salaire et sans précarisation, jusqu’à réincorporer la totalité des chômeurs à la production.

 Pour un plan de travaux publics de construction de logements populaires, écoles et hôpitaux qui répondent aux besoins de la population et permettent d’embaucher des milliers de chômeurs. Réquisition de tous les logements vides.

 Occupation sous contrôle ouvrier de toute entreprise qui ferme ou licencie. Expropriation sans indemnité ni rachat de ces entreprises, ainsi que tous les secteurs stratégiques de l’économie.

 A bas la TVA et l’impôt sur le revenu pour les salariés, taxons les grandes fortunes, déflationnons les profits !

 A bas le budget de l’austérité et des cadeaux au patronat ! Pour un budget à la hauteur des besoins sociaux des travailleurs et des classes populaires notamment dans les banlieues en termes de santé, éducation, loisirs.

 A bas le dialogue social, les directions syndicales doivent dès maintenant se mettre à la tête d’un plan de lutte d’ensemble contre le patronat et le gouvernement, ã travers la préparation d’une grève générale.

Pour un gouvernement des travailleurs et des classes populaires

La crise politique élargit les brèches pour que les explosions sociales et des luttes emblématiques se reproduisent et pour que des militants combatifs, riche de leurs dernières expériences de lutte, puisse se poser à l’avant-garde du mouvement ouvrier et de ses organisations. Pour cela, il y a nécessité pour l’extrême gauche de proposer un programme permettant d’unifier notre classe contre le patronat et le gouvernement et de montrer la nécessité d’un affrontement d’ensemble de la classe ouvrière et des couches populaires plus en général.

Ainsi, être prêt ã saisir les brèches, que la situation politique ouvrira, sera fondamental dans cette période.

Emmanuel Macron, le mépris du bourgeois lettré face aux ouvriers « illettrés »

Parti des classes préparatoires littéraires (Hypokhâgne et Khâgne) au prestigieux lycée Henry IV, passé par les bancs de Sciences po et l’ENA, Emmanuel Macron est maintenant un pilier du gouvernement Valls 2. Quoi de plus classique en vérité ? Produit des institutions spécifiquement chargées depuis longtemps de reproduire les élites de la bourgeoisie française, devenir ministre de l’Economie ã 36 ans n’a rien d’une consécration extraordinaire. Ce parcours « parfait » n’est en rien le fruit de sa pure intelligence (aussi brillant comme étudiant fut-il), mais avant tout du mécanisme bien huilé par lequel la société bourgeoise instaure ses hauts fonctionnaires et son personnel politique.

En 2010, alors qu’il était en poste au sein de la « prestigieuse » banque d’affaire Rothschild, Macron déclarait au journal Rue Saint Guillaume : « Aujourd’hui, je ne suis pas prêt ã faire les concessions qu’imposent les partis, c’est-à-dire ã m’excuser d’être un jeune mâle blanc diplômé, ã m’excuser d’avoir passé des concours de la République qui sont ouverts ã tout le monde. » Titulaire d’une thèse sur Hegel le jeune loup aurait-il résumé par là sa philosophie ? Emprunte de domination patriarcale (« Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. » a-t-il déclaré par ailleurs1), d’impérialisme et du mythe méritocratique de la réussite par les études, Macron nous résume ici l’idéologie d’une classe dominante qui, par-delà l’incontournable discours policé des déclarations publiques, désigne dans l’arrière-cour les ouvriers de Gad comme forcément « illettrés » car ils sont ouvriers, tout comme Hollande qualifie les « pauvres » de « sans dents ». Formé au sein de la bourgeoisie financière, ce jeune loup de la politique pouvait sûrement se permettre couramment, chez Rothschild, des (soi-disant) écarts de langage de ce genre. Ces insultes continuent aujourd’hui, n’exprimant rien d’autre qu’une aversion et un profond mépris de classe envers ces ouvriers exploités qui refusent de se laisser humilier publiquement, comme en témoigne leur réponse2 : « C’est honteux, (...) ils sont pas fichus de déclarer leurs impôts, nous on les déclare, et on n’est pas illettrés ».

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