FT-CI

Appel Internationaliste

Les tâches de l’extrême gauche FACE au projet de Chavez

11/03/2007

Les tâches de l’extrême gauche FACE au projet de Chavez

Appel de la Fraction Trotskiste (pour la reconstruction de la) Quatrième Internationale à la Ligue Internationale des Travailleurs (LIT) et le PSTU du Brésil, à la Coordination pour la Reconstruction de la Quatrième Internationale (CRCI) dont sa principale organisation est le Parti Ouvrier d’Argentine, et au Parti Ouvrier Révolutionnaire (POR) de Bolivie pour une campagne commune pour la nationalisation sans indemnisation et sous contrôle et gestion ouvrière de toutes les entreprises et industries stratégiques du Venezuela ; pour la lutte pour la construction d’un parti ouvrier indépendant et pour un gouvernement ouvrier, paysan et du peuple au Venezuela. Nous avons été au coté des millions de travailleurs et du peuple vénézuélien pour faire face au ‘coup d’Etat’ et au lock-out de la réaction interne et de l’impérialisme. Aujourd’hui, nos organisations internationales soutiennent la nécessité d’une politique indépendante face au chavisme, ainsi nous partageons des bases réelles pour un campagne unifiée.

Le Président vénézuélien, Hugo Chavez annonce depuis quelques temps diverses « nationalisations » dans certains secteurs stratégiques du pays. La relative bonne situation de l’économie et l’importante rente pétrolière, dans le cadre de la crise d’hégémonie étasunienne, laissent un espace pour l’apparition de gouvernements comme celui de Chavez qui, par une forte rhétorique anti-étasunienne, cherchent ã négocier une part plus importante des ressources exportables de leurs pays, sans toutefois remettre en cause les bases structurelles de la domination impérialiste. Même si l’impérialisme étasunien a, au début, fait des déclarations dénonçant les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement vénézuélien, il faut tout de même noter que les organismes financiers internationaux, par la voix de Enrique Iglesias, Secrétaire général du BID, (ceux-là même qui avaient aidé le coup d’Etat d’avril 2002 et le lock-out qui avait suivi) déclarent aujourd’hui que « les nationalisations se sont bien déroulées et qu’elles ne doivent pas engendrer la méfiance des investisseurs ». Les patrons des transnationales maintenant soumises au contrôle de l’Etat n’ont pas trouvé ã redire de l’achat de leurs actions. Ces opérations se sont faites « en accord avec les clauses contractuelles et avec une juste compensation » et les « entreprises qui ont accepté ce processus ont obtenu des contrats avec le gouvernement pour continuer ã fournir leurs services ». Cependant, il existe un revers de la médaille qui démontre une nouvelle dynamique. Un important secteur de travailleurs, qui s’est exprimé lors de la manifestation du 8 février qui a rassemblé plus de 6 mille ouvriers ã Caracas, commence ã demander « la nationalisation sans indemnisation et sous contrôle ouvrier des entreprises stratégiques ». L’exemple des 800 travailleurs de l’usine Sanitarios Maracay qui maintiennent depuis plus de trois mois la production sous gestion ouvrière et qui demandent la nationalisation sans indemnisation a trouvé écho dans les rues de Caracas. Ces faits démontrent qu’il est possible que des secteurs avancés du mouvement ouvrier puissent intervenir avec leur propre programme et indépendamment du gouvernement. Alors que Chavez montre la véritable figure de ses discours très solennels -paiement des actions au prix du marché, c’est-à-dire aux cours de la Bourse de Caracas et de New York ; prix qui dépasse souvent la valeur réelle des actifs- un secteur de travailleurs entre en scène et exige que les mesures s’étendent au reste des industries du pays sans indemnisation et sous leur propre contrôle.

Avec la nouvelle politique de Chavez de concentration des pouvoirs, il avance vers une plus grande bonapartisation du régime et du gouvernement laissant la voie dégagée pour un éventuel virage ã droite ou ã des mesures anti-populaires face à la possibilité, par exemple, d’une crise internationale et à la baisse des cours du pétrole ou ã une escalade de l’inflation. En modifiant la Constitution pour mettre en place une politique de réélection indéfinie, Chavez cherche les mécanismes juridiques pour aller vers un « bonapartisme plébiscitaire » où se succèderaient les élections où la « majorité pauvre » voterait de manière récurrente pour Chavez mais qui n’introduiraient aucun changement substantiel ni ne résoudraient les problèmes structurels des travailleurs, paysans et du peuple pauvre. Ainsi, comme durant ces 8 dernières années, les travailleurs, paysans et peuple pauvre n’auraient aucune possibilité de discuter et de résoudre démocratiquement des changements nécessaires. Pour concrétiser son programme politique, Chavez a appelé à la création du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) issu de la collaboration des « patrons nationalistes » et les hauts commandements de l’Armée de l’Etat Bourgeois vénézuélien avec les secteurs ouvriers, paysans et populaires. Loin de « l’approfondissement de la révolution bolivarienne » auquel adhérent des secteurs de l’extrême gauche qui capitulent face à la politique de Chavez, le PSUV a pour but de menotter le mouvement de masse et tout secteur de travailleurs cherchant un cours indépendant du nationalisme bourgeois.

Chavez a bien eu des différends avec l’impérialisme étasunien pour son appui à l’Iran et son opposition à l’invasion impérialiste en Irak et au Liban par l’armée sioniste. Nous serons bien entendu du coté du Venezuela et de son peuple face ã toutes tentatives de représailles impérialistes. Mais nous affirmons que les déclarations de Chavez ne conduisent pas ã une lutte anti-impérialiste conséquente qui ne peut se faire que par l’appel à la mobilisation des travailleurs et des peuples du monde et non pas en resserrant les liens diplomatiques avec les gouvernements capitalistes de la région, comme Lula ou Kirchner, qui administrent l’exploitation des nations d’Amérique du Sud et encore moins avec des gouvernements impérialistes comme le gouvernement espagnol.

Il n’y a pas de grands changements ã son projet stratégique de la ‘voie vénézuélienne vers le socialisme’ où l’exploitation continue et continuera de dominer. La perspective du ‘socialisme du XXIème siècle’ de Chavez se limite en réalité à la semi étatisation bourgeoise de quelques secteurs de l’économie sur la base de l’indemnisation des groupes parasitaires qui ont saigné des millions de travailleurs et d’usagers et en s’appuyant sur des secteurs de la bourgeoisie nationale et impérialiste qui continuent leurs business dans de nombreuses branches de l’économie dont le secteur stratégique du pétrole. Le plan du nationalisme bourgeois modéré de Chavez ne va guère plus loin que le simple développement de la bourgeoisie vénézuélienne non-monopolistique, très dépendante des aides et de la protection de l’Etat tout en continuant de garantir, aux grandes entreprises nationales et impérialistes, anciens et nouveaux contrats.

La rhétorique de Chavez a eu un impact bien au delà des frontières vénézuéliennes et d’importants secteurs des masses du continent ont aujourd’hui de la sympathie ou adhèrent au projet chaviste. Il est surprenant de voir qu’une grande majorité d’organisations d’extême gauche à l’échelle internationale, voire même de celles qui se revendiquent trotskistes, appuient sans condition le nationalisme bourgeois de Chavez. C’est pourquoi, les révolutionnaires marxistes doivent unir leurs forces et soutenir un programme qui se différencie clairement du projet chaviste afin d’articuler une politique ouvrière indépendante. Face ã toutes tentatives d’attaques de l’impérialisme nous serons en tête de file pour déjouer la réaction interne et étrangère, comme nous l’avions déjà fait lors des mobilisations contre le coup d’Etat et du lock-out patronal d’avril 2002. Mais face aux fausses « nationalisations » du gouvernement vénézuélien et sa tentative de corsetage d’une possible radicalisation et durcissement des luttes ouvrières, paysannes afin que ne puissent pas surgir d’importantes tendances à l’indépendance politique de la classe travailleuse, il nous faut absolument lutter pour une politique anti-impérialiste conséquente et pour l’indépendance politique et organisationnelle de la classe ouvrière. C’est sur ces bases que nous faisons notre appel à la Ligue Internationale des Travailleurs (LIT), dont sa principale organisation est le PSTU du Brésil, à la Coordination pour la Reconstruction de la Quatrième Internationale (CRCI) et au Parti Ouvrier d’Argentine, et au Parti Ouvrier Révolutionnaire (POR) de Bolivie qui défendent aujourd’hui une position indépendante vis-à-vis du gouvernement chaviste. Malheureusement au Venezuela, les organisations trotskistes, comme un important secteur majoritaire du PRS influencé par la UIT-CI (Gauche Socialiste d’ Argentine) et soutenu par le MST argentin, entraînent les travailleurs derrière les politiques et les initiatives du gouvernement. C’est ainsi que le courant syndical C-CURA, seule force réelle influencée par le PRS, a appelé ã entrer dans le PSUV, entraînant et diluant les forces de la classe ouvrière au sein du pseudo nationalisme bourgeois de Chavez.

Comme premier pas vers une politique indépendante nous pensons qu’il est nécessaire de mettre en avant la lutte pour la nationalisation sans indemnisation de toutes les industries et entreprises stratégiques du Venezuela sous contrôle et gestion ouvrière. Les socialistes révolutionnaires doivent lutter à l’échelle nationale et internationale pour l’expropriation sans indemnisation et sous contrôle ouvrier et des usagers des entreprises privatisées, pour aller vers l’expropriation de toutes les grandes entreprises, de la banque, des industries pétrolières et mettre en place un gouvernement des travailleurs qui planifie rationnellement l’ensemble de l’économie au service de la majorité ouvrière et populaire pour en finir réellement avec l’expoliation et domination impérialiste dans le pays. Dans cette perspective, nous devons faire appel à la plus grande solidarité des travailleurs des entreprises transnationales dans leurs pays d’origine pour qu’ils prennent entre leurs mains -grâce à leurs organisations- ce programme. La classe ouvrière vénézuélienne ne doit avoir confiance que dans ses propres forces et ses méthodes de lutte. C’est uniquement comme cela, qu’une véritable alliance ouvrière, paysanne et du peuple pauvre véritablement anticapitaliste sera scellée pour aller à la conquête stratégique d’un gouvernement ouvrier, paysan et du peuple pauvre. Face au projet de PSUV, il est indispensable que les travailleurs s’expriment dans la vie politique nationale de manière indépendante et luttent pour un grand parti ouvrier indépendant basé sur les organismes de représentation et de luttes des travailleurs (syndicats combatifs, organisations syndicales de classe, comités d’usines, etc.) utilisant la démocratie ouvrière sur la base d’un programme clairement anticapitaliste. Nous aurions alors fait le premier pas vers la construction d’un imposant parti ouvrier révolutionnaire qui lutte pour un gouvernement des travailleurs et du peuple pauvre pour une véritable révolution ouvrière et socialiste.

En résumé, chers camarades, nous vous invitons ã faire une campagne unifiée autour de trois axes fondamentaux :

a) Contre les fausses nationalisations de Chavez, lutter pour la nationalisation sans indemnisations de toutes les industries stratégiques sous contrôle et gestion ouvrière.
b) Lutter pour un parti ouvrier indépendant, pour que la classe ouvrière commence ã peser dans la vie politique nationale contre toutes les variantes réformistes et du nationalisme bourgeois.
c) La perspective d’un gouvernement ouvrier, paysan et du peuple pauvre comme unique voie vers la résolution des principales revendications ouvrières, paysannes et populaires contre tout mensonge du ‘socialisme du XXIème siècle’.

Cette campagne unifiée doit être dirigée vers les autres courants qui jouent un rôle au Venezuela, comme le PRS et le courant syndical C-CURA, et être mise en place dans cette perspective dans chacun de nos pays. Nous attendons votre réponse.

Jeudi 8 Mars 2007

Juventud de Izquierda Revolucionaria de Venezuela (Fracción Pública del PRS), Partido de Trabajadores Socialistas (PTS) de Argentina, Liga de Trabajadores por el Socialismo de México (LTS), Liga Obrera Revolucionaria por la Cuarta Internacional (LOR-CI ) de Bolivia, Liga Estrategia Revolucionaria (LER-QI ) de Brasil, Clase contra Clase de Chile y Clase Contra Clase del Estado Español y FT Europa.

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