FT-CI

Le privé et le public sous le feu roulant du patronat et du gouvernement

Il est grand temps de construire la contre-offensive

21/11/2011

Cet automne, il n’y a pas que les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle. Les mauvais coups du patronat et de son gouvernement aussi, et ces derniers jours, les attaques se sont multipliées.

PSA, BNP, Société Générale, des milliards pour les actionnaires, le pavé pour les salariés

Dans le privé les grands groupes qui ont engrangé des milliards en 2010 ont rivalisé d’inventivité pour justifier les plans de licenciements qu’ils ont annoncés. Le 15 c’était PSA qui a officialisé l’annonce de ses 6.800 suppressions d’emplois en Europe, dont 5.000 en France. Comme nous le soulignions en début de mois [1], ce sont bien 1.900 postes en production qui seraient touchés, dont 800 intérimaires, et 3.100 hors production, chez les salariés qui travaillent dans les technicentres notamment, qu’ils soient techniciens, cadres ou ingénieurs. Du côté des grosses banques, celles-là même qui ont été renflouées ã grand renforts de milliards au début de la crise, c’est pareil. BNP Paribas annonce la suppression de 1.400 postes, dont prés de 400 en France. Société Générale parle de 1.000 suppressions de son côté. Mais tout ceci, ce n’est que de la partie émergée de l’iceberg du chômage. En dessous ce sont des centaines de boites, moins importantes, souvent liées aux donneurs d’ordre, qui licencient, suppriment des postes ou ferment.

Le gouvernement fait semblant de s’émouvoir

Au gouvernement, on se partage les rôles. Eric Besson, l’ancien ministre du contrôle au faciès, transféré au ministère du Démantèlement industriel, assure de tout son soutien Philippe Varin, le PDG de PSA, l’homme aux 9.000 euros journaliers. Sarkozy de son côté a fait les gros yeux et a fait mine de le convoquer à l’Elysée, conscient du caractère explosif du plan de licenciements. Ça a été aussitôt pour dire que PSA prévoyait en fait un plan de « restructuration » dans le cadre d’une recherche de « compétitivité » et qu’il n’y aurait à la clé aucun licenciement, que 2.000 salariés seraient d’ailleurs reclassés au sein du groupe ou chez les prestataires, tout en reconnaissant que l’industrie automobile bénéficiait du crédit impôt-recherche le plus avantageux du monde, c’est-à-dire de liquidités versées par l’Etat, sur la base de nos impôts, pour que PSA et compagnie fassent encore plus d’argent, sans que ça ne les empêche de licencier. Ces gens-là sont habitués ã mentir de façon éhontés, qu’il s’agisse des valises de billets de l’affaire Karachi ou du financement de la campagne UMP de 2007 par Madame Bettencourt. Mais qu’on demande aux salariés de la plateforme logistique PSA de Melun, qui ont été virés un ã un et qui est sur le point de fermer, ce qu’ils pensent des sornettes de Sarkozy. Qu’on aille voir aussi du côté des caisses de Varin, qui se vante de disposer de 11 milliards de trésorerie, qui a déclaré 1,1 milliards de bénéfices pour l’année 2010. De l’argent il y en a, et pourtant les plans sociaux se poursuivent. Après les élections de 2012, PSA voudrait s’attaquer aux sites d’Aunlay, de Sevelnord et de Madrid…. Le patronat ne connaît pas la trêve hivernale.

Le gouvernement fait la chasse aux pauvres

Le gouvernement, de son côté, a sorti l’artillerie lourde. L’air sombre, brandissant la menace de la dégradation du fameux « triple A », invoquant 1945 et l’état de la France après guerre, François Fillon a détaillé son second plan de rigueur… pardon, « d’efforts ». là encore, on charge la barque des travailleurs et des classes populaires, avec notamment un alourdissement de la fiscalité directe et indirecte. Pendant ce temps, le gouvernement, Président en tête, part à la chasse aux pauvres.

L’objectif est clair. Sarkozy fait le pari du pire : « ou c’est moi qui suis réélu en 2012, ou c’est la catastrophe… regardez la Grèce et l’Italie ». Dans ce cadre, deux tactiques. D’une part on décrète qu’il n’y a pas d’autre alternative que plus de rigueur, d’austérité et de sacrifices. De l’autre on renoue avec la bonne vieille rengaine réactionnaire qui plait à l’électorat de droite : ce sont bien les pauvres, les jeunes de banlieues et les fonctionnaires qui sont les responsables de la crise.

Guéant passe ses journées dans le 93, ã Saint-Ouen un jour, ã Clichy-Montfermeil le lendemain, avec toujours le même discours : haro sur les pauvres et les immigrés, tour ã tour stigmatisés, accusés de la dégradation de la situation des cages d’escalier et du deal… et ce alors que les « grands flics » à la solde la Place Beauvau sont accusés de collusion avec le grand banditisme (Lyon) ou de proxénétisme (Lille).

A peine passé le second plan de rigueur, c’est la majorité parlementaire qui est passée à l’attaque, notamment sur la question des jours de carence. Les analystes politiques s’attendaient ã ce que cela fasse partie du troisième plan de rigueur que le gouvernement serait en train de concocter. Et bien non, c’est tombé plus rapidement que prévu. Non seulement dans le privé ces jours passeraient de trois ã quatre mais un jour de carence serait imposé aux travailleurs dépendant des trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière). Le coup porté est extrêmement violent et vient s’ajouter notamment au gel du point d’indice ainsi qu’à l’élévation du départ de l’âge à la retraite, l’entrée en vigueur de la réforme ayant même été avancée, contraignant celles et ceux qui devaient partir bientôt ã travailler un ã quatre mois supplémentaires… comme s’il n’y avait pas assez de travailleurs sans emploi comme ça.

Du côté du PS, rien de nouveau… du côté des directions syndicales, on prend son temps

Qu’on n’attende pas du PS des miracles si François Hollande devait passer en 2012. Il suffit de regarder ce qu’ont fait ses collègues « socialistes » en Grèce et dans l’Etat espagnol pour en être convaincu. Il suffit aussi de voir ce qu’est devenu le fameux engagement de rétablissement des 60.000 postes d’enseignants supprimés au cours des dernières années. Désormais les « experts » du PS nous disent que bien entendu les promesses n’engagent que l’électeur et que surtout elles seront revues en fonction des estimations de croissance… donc pas grand-chose au final.

Plus problématique, c’est bien l’attitude des directions syndicales. Inquiétante même. Alors qu’elles devraient se trouver en première ligne de la contestation de la politique de la boucherie sociale gouvernementale, on a l’impression qu’elles regardent ailleurs, un peu gênées… La position de la CGT est assez illustrative ã ce sujet d’ailleurs. Thibaut dit réserver sa décision quant à la participation cégétiste au « Haut conseil de financement de la protection sociale » (en bon français traduit, il faudrait dire « Haut conseil à la destruction des acquis sociaux ») qu’entend organiser Sarkozy pour couvrir l’offensive anti-ouvrière et antipopulaire du gouvernement. Rien de concret cependant quant à la lutte qu’il faudrait mener maintenant et tout de suite contre le gouvernement et ses amis les patrons pour leur faire ravaler leur morgue. La CGT évoque tout juste la nécessité « d’élaborer une riposte unitaire aux offensives antisociales actuelles ». Pour quand ? On ne le sait pas, et Thibaut n’a pas l’air bien pressé.

Et pourtant la colère est bien-là 

Ce n’est pas la colère qui manque en effet. Il suffit de parler avec les collègues sur les lieux de travail, avec les jeunes, dans les facs et les quartiers Pour ne prendre que l’exemple de l’automobile, le 15 octobre lors du Conseil Central d’Entreprise de PSA, ce sont des centaines de travailleurs des sites qui ont fait le déplacement ã Paris, pour dire que la coupe est pleine.Le 19 c’est ã Valenciennes qu’ils exprimeront leur ras-le-bol, autour des travailleurs de Sevelnord d’Hordain, qui redescendent dans la rue pour la seconde fois, depuis la mi-juillet. Ailleurs aussi, on se mobilise. A SeaFrance Dunkerque, les salariés sont déterminés ã sauver leurs emplois. Idem pour Fralib, prés de Marseille.

Alors c’est bien une riposte unitaire qu’il faut construire, mais à la hauteur de l’offensive qui est menée contre nous, de façon coordonnée et radicale, par en bas. Il faut s’emparer de toutes les occasions pour faire savoir haut et fort cette nécessité, pour construire tous et toutes ensemble la grève générale, la seule arme dont nous disposons pour faire reculer le patronat et le gouvernement. Car après 2012, on ne peut s’attendre qu’à pire, qu’elle que soit la couleur de celui qui occupera l’Elysée et qui sera, il y a fort ã parier, plus proche des préoccupations des patrons du CAC 40 que des travailleurs et de la jeunesse. Il y a urgence sociale ã construire la contre-offensive, avant que ce ne soit une question de survie. Les travailleurs grecs sont-là pour nous le rappeler.

18/11/11

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